Par William N. T. Wylie
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LÉtat intervient à maintes reprises dans les
relations de travail à cause de la vulnérabilité politique de
lindustrie et de son importance au niveau régional et national.
Comme nous avons constaté dans le chapitre sur la main-doeuvre,
les fonctionnaires provinciaux et fédéraux ont tous participé
lorsquil sagissait de mettre fin à des arrêts de travail pour
assurer la production du charbon et, après 1918, de réprimer le
radicalisme des travailleurs. Ainsi les fonctionnaires
démontrent leur engagement envers le capitalisme, tempéré par
leur volonté de tolérer une main-doeuvre syndicalisée à des
buts modérés.
A cause de limportance économique de lindustrie, lÉtat tache
de réduire les grèves et de maintenir la production, ce que les
trois paliers du gouvernement réalisent de différentes façons.
Des fonctionnaires en général des hommes daffaires ou des
professionnels sympathiques aux sociétés minières font parfois
intervenir la police pour protéger les briseurs de grève. Nous
avons déjà noté une instance de ce genre à Fernie en 1903. Les
gouvernements provinciaux et le fédéral, dautre part,
consentent à satisfaire les syndicalistes modérés afin
dencourager la paix travailliste et, dans le cas de lAlberta,
de gagner leur appui politique. Après 1905, lAlberta présente
une série de réformes législatives avec lintention de contenter
le mouvement syndical, incluant linstitution dune journée de
travail de huit heures, lobligation des sociétés minières de
construire des vestiaires pour leurs ouvriers et exigeant que
les mineurs soient brevetés. Le gouvernement fédéral intervient
dans des disputes particulières pour protéger lintérêt national
en production de charbon. Mackenzie King, le personnage
principal ici, cherche à trouver un compromis non seulement
avant 1911, mais aussi lorsquil est , durant les disputes de
travail de 1922 et 1924. Il est aussi grandement responsable de
la Loi des enquêtes en matière de différends industriels de
1907, un effort de légiférer la conciliation obligatoire dans
les conflits de travail dimportance national. En plus, Ottawa
consente de jouer un rôle plus décisif en temps de crise,
imposant des règlements conçus pour satisfaire les mineurs
durant la Première et Deuxième Guerre mondiales.1
En traitant avec les extrémistes du travail, les fonctionnaires
de lÉtat à tous les niveaux restent inflexibles. Croyant que
lavenir social et politique de lordre établi est en jeu, ils
montent une série dattaques dirigées vers les extrémistes,
débutant avec la One Big Union, et poursuivent vers le parti
communiste et dautres groupes extrêmes des années vingt et
trente. Leur but est décraser les extrémistes syndicalistes
afin de préserver la démocratie politique et lordre social
capitaliste. Lindustrie du charbon était devenue une cible de
taille à cause de sa visibilité et de lactivisme accentué de sa
main doeuvre. En 1919, comme nous avons vu, le gouvernement
fédéral est daccord dappuyer le syndicalisme modéré afin de
contrer le OBU, et négocie un accord qui exclut les partisans de
lOBU et donne un atelier fermé dans lindustrie au United Mine
Workers of America (UMWA), qui est un syndicat plus modéré.2
Le pouvoir de lÉtat est aussi exercé par le biais de la police
et des tribunaux. En 1925, par exemple, des mineurs extrémistes
de la vallée de Drumheller, insatisfaits avec le UMWA, fondent
le Red Deer Valley Miners Union un groupe plus militant et
piquent une grève afin dobtenir des augmentations de salaire.
La province réagit en envoyant lAlberta Provincial Police pour
aider aux briseurs de grève et pour arrêter la propagation des
idées révolutionnaires. Les cours de justice interviennent aussi
et prononcent une injonction généralisée contre le syndicat
gauchiste. En 1931, le Mine Workers Union of Canada (MWUC), qui
sétait formellement associé avec le Workers Unity League,
dirigé par des communistes, devient la cible dune campagne
gouvernementale anticommuniste concertée. Suivant lintervention
de la GRC dans un arrêt du travail des mineurs de charbon du
MWUC à Bienfait et à Estevan, Saskatchewan, un jugement de la
cour déclare que le syndicat est une "association illégale".3
Entre les deux guerres, des agents de lÉtat tâchent de
décourager les organisateurs communistes dans les districts
houillers. Lintention nest pas de détruire le mouvement
travailliste, mais dassurer quil reste à lintérieur des
bornes sociales et politiques qui sont déjà en place.
William N. T. Wylie, « Coal-Mining Landscapes:
Commemorating Coal Mining in Alberta and Southeastern British
Columbia », une étude sur la commémoration de l'industrie
houllière en Alberta et dans le sud-est de la
Colombie-Britannique préparée pour la Commission des sites et
monuments historiques au Canada, l'Agence Parcs Canada, 2001
Voir aussi: L'industrie
houllièreAperçu,
La
croissance rapide,
Les
terrains de charbon domestique et de chaudière,
L'industrie en déclin
(1914-1947),
Effrondrement et renaissance,
L'établissement de l'Ouest,
Questions et
défisAperçu,
Entreprenariat, Technologie,
Techniques souterraines,
La technologie de surface,
Extraction à ciel ouvert,
Les effets
sociaux,
Unions,
Implantation et gains
syndicaux (1882-1913),
Mouvement
révolutionnaire (1914-1920),
Complications et
difficultés (1921-1950),
Compagnies
houillières, Les gens
des mines de charbon,
La classe moyenne,
Les mineurs et le
gouvernement local,
Politiques et économie,
Effets
environnementaux,
Santé et sécuritéAperçu,
Les relations
entre lÉtat et les ouvriers,
L'Etat et le
développement après 1918.
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