Page 1 | 2 |
3
[Click here for text in English]
Les mineurs chez eux: lémergence des villages miniers
La vie des mineurs était souvent centrée dans les agglomérations
adjacentes à la mine. Ici, les mineurs et leurs familles
composaient généralement la majorité de la population. Quoique
la mentalité que lon trouvait dans les villages miniers était
formée, en partie, par la perspective de la classe ouvrière, les
villages étaient aussi marqués par la présence des compagnies
charbonnières, et souvent ils devenaient le lieu de conflits
incessants entre les gestionnaires et les travailleurs. Dans
certains cas, une classe moyenne de marchands et de
professionnels indépendants a aussi émergée pour se tenir entre
les deux groupes en vive opposition.
Les villages où habitent la plupart des mineurs sont fondés par
les compagnies charbonnières elles-mêmes entre les années 1880
et 1920.1
Les exceptions sont Edmonton, Canmore et Fernie, en Colombie
Britannique, où il y a déjà des centres commerciaux avant
lavènement du charbonnage. Dans dautres cas, les sociétés
minières simpliquent dans une planification rudimentaire de
ville, fournissant linfrastructure dans des régions où aucune
communauté nexiste, afin dencourager létablissement des
travailleurs et leurs familles et lémergence dune
main-doeuvre permanente. Des maisons et des magasins sont
construits et rendus disponibles, des terrains sont offerts pour
la construction déglises, les services éducatifs et médicaux
sont souvent fournis. Le résultat est une série de villages, où
dominent de longues rangées des modestes maisons des mineurs, à
ossature en bois, à un ou deux étages, regroupées autour dune
rue principale avec des petits commerces et institutions,
construits en bois ou en brique. Beaucoup des villages restent
petits jusquau déclin de lindustrie du charbon, leur
population variant entre quelques centaines et environ 3,500. La
plupart de ces communautés restent dépendantes du charbonnage
durant toute leur histoire. Lethbridge est une exception
notable, devenant un centre commercial beaucoup plus important
pour la communauté agraire du Sud-Ouest de lAlberta après 1900.2
Comme nous lavons suggéré ci-haut, ces communautés sont
dominées par des hommes célibataires. Par exemple, à
Staffordville, en banlieue de Lethbridge, en 1901, deux tiers de
la population est masculine, et les trois quarts de ces hommes
sont célibataire. A.A. den Otter a écrit à propos de lexistence
dune éthique masculine dans ces villages concernant la fierté
de pouvoir travailler dur, et du grand intérêt pour le sport et
la grande fréquence de violence et de bagarres qui laccompagne.
Durant les premières années, la consommation dalcool, le jeu et
la prostitution sont caractéristiques de ces endroits. Livresse
est souvent liée au suicide, aux accidents et à la violence
familiale dans le Coal Branch.3
Malgré ces facteurs, par contre, un nombre augmentant de femmes
et de familles sinstallent dans la majorité des communautés
durant la décennie suivant leur création. En 1911, le rapport
dhommes à femmes dans les communautés avoisinantes du pas du
Nid-du-Corbeau de Blairmore, Frank, Bellevue et Lille est à
presque le même niveau que la moyenne provinciale en Alberta,
165 à 100. La situation se répète partout dans les districts
carbonifères. La complexité croissante des communautés se voit
dans le plus grand nombre denfants et les efforts des villages
de fournir des écoles adéquates. Le rôle des femmes devient
essentiel dans lensemble des foyers individuels et dans le
village. En plus de soccuper de leur famille, elles cultivent
souvent des légumes et gardent des animaux domestiques pour
augmenter le revenu familial. Elles prennent souvent des
locataires et soccupent des activités de charité et déglise,
ce qui aide à transformer ces villages en communautés.4
La diversité ethnique de la main-doeuvre a déjà été notée. La
plupart des villages possédaient une grande gamme de
nationalités du centre et de lEurope de lEst et de la Grande
Bretagne, quoique la représentativité particulière varie dune
place à lautre. Beaucoup des groupes culturels restent
entre-eux. Les colons polonais dans le pas du Nid-du-Corbeau,
par exemple, venaient surtout de la même région agraire de la
Pologne, et certains devaient se connaître avant leur arrivée au
Canada. Dans certains cas, ces groupes restent à part dans les
camps houillers. A Coleman, par instance, les Italiens se
trouvaient résider au centre du village, tandis que les Polonais
et les Ukrainiens étaient regroupés à East Coleman, et les
autres Slaves à West Coleman. Ces groupes avaient la tendance de
fonder des institutions qui cherchaient à conserver leurs
traditions ethniques, et qui offraient une grande variété de
services sociaux de nature culturelle, récréative et de
bienfaisance. Il y avait parfois des désaccords entre les
Anglo-Saxons et les autres groupes. En particulier, certains
mineurs britanniques insistaient quils méritaient la préférence
sur les Européens de lEst pour les emplois et les promotions,
surtout durant les temps de crise, comme durant les deux guerres
mondiales, ou quand la perspective économique était inquiétante.5
En dépit de ces facteurs, Allen Seager insiste que, vers 1920,
leffet de partager les expériences de travail et dhabitation
aide à forger une identité en commun entre les mineurs. Ils
participent ensemble dans des activités récréatives et sportives,
ainsi que dans dautres formes dexpression culturelle, comme
les fanfares qui émergent à Lethbridge et dans le Coal Branch.
Ils ont aussi des problèmes en commun. Les prix élevés qui sont
imposés aux magasins de la compagnie, par instance, mène les
mineurs du Coal Branch et du pas du Nid-du-Corbeau à ouvrir des
magasins coopératifs. Les syndicats ont été critiques en ce qui
concerne lorganisation des travailleurs de toutes sortes
dorigines à appuyer des causes en commun. Le UMWA et le Mine
Workers Union of Canada jouent également des rôles importants
en refusant de tolérer les efforts des travailleurs à
discriminer entre-eux à cause des origines ethniques. Durant les
années vingt, des communistes et dautres chefs militants,
encouragent la formation dinstitutions de classe ouvrière,
comme des ligues féminines, qui traversaient les frontières
traditionnelles.6
Seager insiste que le procédé de lintégration culturelle ne
sest jamais complété. Des anciennes loyautés ethniques, de la
méfiance et des hostilités persistent durant les années 1940.
Tout de même, il y a une emphase croissante sur les similitudes
et la mutualité avec les générations successives denfants du
pays qui remplacent les immigrants dorigine, et les communautés
se rapprochent. Le procédé a été coupé court par le déclin de
lindustrie et la faillite de beaucoup des villages houillers
durant les années cinquante.7
William N. T. Wylie, « Coal-Mining Landscapes:
Commemorating Coal Mining in Alberta and Southeastern British
Columbia », une étude sur la commémoration de l'industrie
houllière en Alberta et dans le sud-est de la
Colombie-Britannique préparée pour la Commission des sites et
monuments historiques au Canada, l'Agence Parcs Canada, 2001
Voir aussi: L'industrie
houllièreAperçu,
La
croissance rapide,
Les
terrains de charbon domestique et de chaudière,
L'industrie en déclin
(1914-1947),
Effrondrement et renaissance,
L'établissement de l'Ouest,
Questions et
défisAperçu,
Entreprenariat, Technologie,
Techniques souterraines,
La technologie de surface,
Extraction à ciel ouvert,
Les effets
sociaux,
Unions,
Implantation et gains
syndicaux (1882-1913),
Mouvement
révolutionnaire (1914-1920),
Complications et
difficultés (1921-1950),
Compagnies
houillières, Les gens
des mines de charbon,
La classe moyenne,
Les mineurs et le
gouvernement local,
Politiques et économie,
Effets
environnementaux,
Santé et sécuritéAperçu,
Les relations
entre lÉtat et les ouvriers,
L'Etat et le
développement après 1918.
[Suivant >>]
|