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Dans un premier temps, le United Mine Workers of America (UMWA)
se manifeste comme le porte-parole principal des mineurs. Des
efforts spontanés de grève à Lethbridge, entre 1887 et 1897,
prouvent que les mineurs ne peuvent pas affronter le pouvoir des
compagnies sans une organisation formelle. Le Western Federation
of Miners (WFM), basé au Montana, essaie brièvement de mobiliser
les travailleurs du charbon entre 1899 et 1903, mais narrive
pas à gagner leur allégeance sans pouvoir satisfaire leurs
demandes salariales. Le UMWA semble avoir été moins controversé
que le WFM, qui était réputé être extrémiste. Aussi, le bilan du
UMWA était meilleur aux États Unis, où il avait déjà négocié une
série daccords avantageux pour les travailleurs du charbonnage.
Dans lOuest canadien, le District 18 est fondé, incorporant les
mineurs de charbon de lAlberta et du Sud-Est de la Colombie
Britannique. Entre 1903 et la Première Guerre mondiale, il doit
affronter une série de combats avec la gestion, dont beaucoup se
terminent en grèves. En 1906, ces confrontations font tâche
dhuile dans le district en entier après la fondation du Western
Coal Operators Association par les compagnies.1
Plusieurs causes clés émergent de ces disputes. La demande
principale des travailleurs concerne les gages et les niveaux
salariaux. Dans le cas des mineurs qualifiés, cette question est
compliquée par la complexité des contrats quils entreprennent
dune mine à lautre. Les tarifs varient à chaque endroit,
dépendant du moment de leur établissement et, ils sont souvent
le sujet de différends dinterprétation. La question de la
reconnaître les syndicats est aussi une deuxième source de
conflits. Les compagnies dans le pas du Nid-du-Corbeau sont
généralement daccord sur le droit dexistence du LTMWA, à cause
de la situation financière instable de lindustrie, mais elles
cherchent à minimiser linfluence du syndicat, et de traiter
individuellement avec les mineurs autant que possible. Entre
temps, lunion cherche à gagner la solidarité des mineurs et
dempêcher les travailleurs de faire de la concurrence demploi
ou de salaire entre eux. La lutte sexprime finalement en termes
dateliers "fermés"ou dateliers "ouverts". Le LTMWA cherche un
environnement "fermé" où les ouvriers doivent tous être membre
du syndicat. Les administrateurs préfèrent un atelier ouvert où
les mineurs peuvent être embauchés quoiquen soit leur
affiliation syndicale.2
La sécurité au travail est le troisième sujet de contention des
travailleurs, quoique moins pressant. Les mines de la région
étaient des plus dangereuses au monde, à cause des risques
dexplosion du méthane (grisou) et du poussier. Le danger du gaz
était particulièrement sérieux dans les montagnes, où le
plissement des gisements compliquait gravement les problèmes de
travailler en toute sécurité dans des galeries et des chambres
en pente raide. Une série de sinistres graves marquent les
premières années du charbonnage dans le pas du Nid-du-Corbeau :
des explosions tuent 120 mineurs à Coal Creek en 1902, 34 à
Bellevue en 1910, 189 à Hillcrest en 1914 et, finalement, encore
34 à Coal Creek en 1917. Le syndicat tâche dobtenir une
réglementation plus stricte et une meilleure mise en vigueur de
la réglementation qui existe déjà, mais cette cause est rarement
à la "une" des syndicats. En dépit du danger, les mineurs sont
beaucoup plus concernés par les questions salariales. Même dans
la région du Pas, les accidents semblent être considérés
simplement comme faisant part des dangers du métier.3
En fin de compte, vers 1920, des mines plus sécuritaires
émergent, quand les compagnies et les mineurs se familiarisent
avec les conditions géologiques régionales, et que les provinces
deviennent plus compétentes dans lapplication de la
réglementation sécuritaire.
Le résultat des conflits ouvriers avant la Première Guerre
mondiale est un compromis. Il y a une légère hausse de salaires,
qui est insuffisante pour combler les augmentations au cot de
la vie. Les compagnies sont inflexibles dans ce domaine, à cause
des leurs problèmes économiques. On reconnaît tout de même que
linfluence des syndicats. En 1905, les propriétaires permettent
un précompte des cotisations syndicales de la paie de mineurs
individuellement, mais le UMWA ne réussit pas à obtenir un
précompte obligatoire des nouveaux employés, ce qui les auraient
obligés, effectivement, à devenir membre du syndicat. En échange
de leurs concessions, les compagnies négocient des restrictions
sur les mesures de grève. Dans une série de contrats entre 1903
et 1911, une méthode de règlement des différends est négociée,
qui prescrit les arrêts de travail spontanés pendant le
processus formel de négociation des griefs. La gestion obtient
plus de sécurité avec le contrat de 1909, qui responsabilise les
ouvriers pour lentretien des mines en cas darrêt de travail.
Les mineurs sont daccord pour empêcher les inondations ou les
accumulations de grisou, protégeant ainsi le chantier de
dommages à long terme durant les grèves.4
Durant ces années, lÉtat intervient sans cesse dans les
relations de travail. Son pouvoir ne sexerce pas toujours de
façon constante. Par exemple, en 1903, la force policière
intervient durant une grève à Fernie, du côté de la Colombie
Britannique du Pas, pour empêcher les grévistes de harceler les
briseurs de grève embauchés pour continuer la production. Par
contre, la gendarmerie à cheval du Nord-Ouest est plus
sympathique aux travaillistes. Durant la grève de 1906, à
Lethbridge, la force permet une certaine souplesse aux grévistes
en ce qui concerne la pression quils imposent aux briseurs de
grève, afin dencourager une résolution où les côtés opposés
nen seraient pas déshonorés.5
A cause de limportance économique de lindustrie du charbon, le
gouvernement fédéral et des provinces cherchent également des
compromis pour réduire lagitation et maintenir la production.
Le gouvernement libéral de lAlberta nest pas particulièrement
conciliatoire envers les mineurs après son élection au pouvoir
en 1905, cherchant non seulement la paix ouvrière, mais aussi
lappui électoral dans les terrains houillers. Durant les années
avant la Première Guerre mondiale, il présente plusieurs
réformes que les mineurs de charbon demandent, comme la journée
de travail de huit heures. Le gouvernement fédéral est aussi un
joueur de taille. Son chef porte-parole est Mackenzie King, le
premier sous-ministre du travail de la nation, qui intervient à
maintes reprises dans les grèves houillères sur le principe que
la santé de lindustrie est de conséquence nationale. Sa
contribution la plus notable a lieu à Lethbridge en 1906, où il
amène les deux groupes à la table de négociation, sous la peine
de les tenir responsable pour une crise de combustible dhiver
dans les prairies. Cette expérience influence directement le
projet de loi des Enquêtes en matière de différends industriels,
leffort le plus ambitieux du gouvernement fédéral de décourager
les conflits de travail. Édicté en 1907, la loi proclame
certaines industries clés, incluant le charbonnage et les
chemins de fer, comme des services publics qui méritent
lattention de lÉtat. Dans ces industries, les deux côtés sont
empêchés dinitier des arrêts de travail pendant quune
procédure de conciliation obligatoire est en marche. Daprès les
spécialistes, la loi des Enquêtes en matière de différends
industriels nest pas un outil efficace en ce qui concerne la
résolution des disputes de lindustrie du charbon de lOuest,
mais sa présence démontre lengagement dOttawa dans la
réduction des conflits de travail dans lindustrie.6
William N. T. Wylie, « Coal-Mining Landscapes:
Commemorating Coal Mining in Alberta and Southeastern British
Columbia », une étude sur la commémoration de l'industrie
houllière en Alberta et dans le sud-est de la
Colombie-Britannique préparée pour la Commission des sites et
monuments historiques au Canada, l'Agence Parcs Canada, 2001
Voir aussi: L'industrie
houllièreAperçu,
La
croissance rapide,
Les
terrains de charbon domestique et de chaudière,
L'industrie en déclin
(1914-1947),
Effrondrement et renaissance,
L'établissement de l'Ouest,
Questions et
défisAperçu,
Entreprenariat, Technologie,
Techniques souterraines,
La technologie de surface,
Extraction à ciel ouvert,
Les effets
sociaux,
Unions,
Implantation et gains
syndicaux (1882-1913),
Mouvement
révolutionnaire (1914-1920),
Complications et
difficultés (1921-1950),
Compagnies
houillières, Les gens
des mines de charbon,
La classe moyenne,
Les mineurs et le
gouvernement local,
Politiques et économie,
Effets
environnementaux,
Santé et sécuritéAperçu,
Les relations
entre lÉtat et les ouvriers,
L'Etat et le
développement après 1918.
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