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L’année 1946-1947

L’édition du 19 novembre 1947 du journal  La Survivance annonce la parution prochaine d’un almanach français propre à l’Alberta. C’est un document plutôt modeste qui s’évertue de faire le point d’abord sur les acquis historiques, de présenter les personnalités franco-albertaines importantes de l’époque, de décrire en détail les effectifs de l’archidiocèse d’Edmonton et dans un dernier temps de présenter différents tableaux de statistiques sur les origines raciales au Canada, sur la population catholique au Canada et sur le fait français au pays.

Au moment de la parution de cet almanach, la compagnie Imperial Oil vient de découvrir du pétrole à Leduc. Cet événement va permettre à l’Alberta de prendre le virage de la modernité, virage que la communauté franco-albertaine cherchera elle aussi à adopter au début des années 1960. Mais en 1946-1947, la communauté franco-albertaine travaille encore à se donner les outils qu’elle juge essentiels à son développement continu. Or il est évident que la découverte des sources importantes de gaz naturel et de pétrole en Alberta va faire croître le nombre d’habitants anglophones dans la province. Si la communauté franco-albertaine veut survivre la force grandissante du milieu anglophone majoritaire elle a besoin de puissants outils. Et voilà pourquoi la communauté lutte depuis de nombreuses années déjà dans l’espoir de se donner un poste de radio privé.

Le 17 juin 1947, une délégation provenant des trois provinces de l’Ouest se présente à nouveau devant le bureau des gouverneurs de Radio-Canada afin d’obtenir des permis de diffusion pour des stations françaises en Alberta en en Saskatchewan. Une première demande faite en 1944 n’a donné qu’un seul poste, celui de Saint-Boniface. Mais en juin 1947, Radio-Canada remet son jugement à une date ultérieure. Il faut préparer une application technique, disent les gouverneurs. La question de la radio française en Alberta est à nouveau soulevée en septembre de la même année lors d’une réunion du bureau des gouverneurs de la SRC à Calgary, la première réunion publique dans l’histoire de la SRC. La question du poste français provoque une vive controverse mais pas de décision. Le 23 janvier 1948, l’ACFA et le comité de la radio se présente à nouveau devant les gouverneurs de Radio-Canada mais la décision est remise une fois de plus. La communauté devra attendre  au mois de mars 1948 avant d’obtenir ce fameux permis qui leur donne le droit d’ouvrir un poste français en Alberta… construit à leurs propres frais.

En 1947 on parle d’ouvrir un centre français à Edmonton. On fait même quelques démarches en ce sens mais le projet ne se réalise pas.

Dans le domaine de l’éducation, bien que l’anglais soit la langue officielle de l’enseignement en Alberta, les francophones ont droit à un cours primaire de français en première et deuxième année ainsi qu’à une heure de français par jour de le 3e à la neuvième année. Fondée en 1946, l’Association des éducateurs bilingues de l’Alberta (AEBA) remplace l’AIBA (1926) dont le travail s’est étiolé au fil des ans. Comme son prédécesseur, l’AEBA s’occupe de la préparation des programmes pour l’enseignement du français et organise des sessions d’été au Collège Saint-Jean pour les professeurs bilingues. En 1947, l’AEBA organise aussi le premier grand festival français, activité qui aura des retombées importantes partout en Alberta par la suite.

Affilié au ministère de l’Éducation pour le secondaire et à l’université d’Ottawa pour les deux ans de Belles-Lettres et de Rhéthorique, le Collège Saint-Jean ajoute les cours de philosophie en 1946. Dorénavant il sera possible d’obtenir le titre de bachelier ès arts d’Ottawa au Collège Saint-Jean.

À l’ACFA, le Dr L.-P Mousseau est le président général. Il a été élu en 1946. Le directeur général est le père Breton. L’année précédente, en 1946, l’ACFA a participé à l’exposition provinciale de Québec dans le but de se mieux faire connaître.

Inaugurée en 1946, la libraire française de l’ACFA occupe un petit coin de l’édifice La Survivance. La nouvelle entreprise vient remplacer la librairie de M. Pigeon qui a fermé ses portes en 1945. Mais la nouvelle librairie de l’ACFA est moins un commerce qu’un service relié aux concours de français de l’AEBA. Maurice Lavallée en est le grand responsable et il songe à ajouter un comptoir de disques français.

Sur le plan économique, les Franco-Albertains ont a leur service vingt caisses populaires toutes très florissantes et cela depuis 1945. En 1946, la Fédération des coopératives franco-albertaines est fondée grâce au travail de l’ACFA et de la Société d’enseignement postscolaire qui organise la tenue du congrès des coopérateurs de langue française à Edmonton le 25 avril. Vingt-deux organisations, coopératives et caisses populaires y sont officiellement représentées. Les congressistes en profitent pour fonder la Fédération des coopératives franco-albertaines sous la présidence de Paul Sicotte de Falher. La nouvelle fédération a pour but de réunir les organismes locaux, régionaux ou provinciaux afin d’assurer le développement et la défense des intérêts coopératifs.

Bien que le secteur économique démontre de plus en plus de vitalité, en 1946-1947, l’Église catholique demeure une des grandes forces de la communauté franco-albertaine. L’archidiocèse d’Edmonton regroupe cinq communautés d’hommes religieux, dont les Oblats de Marie-Immaculée et 21 communautés religieuses de femmes.         

En somme, l’année 1946-1947 regroupe un nombre important d’événements porteurs d’avenir. Lorsque l’on constate ce qui a été mis en place à ce moment, que ce soit l’AEBA, le travail fait en vue d’assurer l’établissement de la radio française, l’ouverture de la petite librairie française de l’ACFA ou la création de la Fédération des coopératives albertaines, nous avons nettement l’impression que 1946-1947 est un genre de prélude pour les grandes réussites qui vont se produire par la suite commençant par l’établissement, en 1949, de CHFA le poste privé de radio française et la création par l’église catholique d’un nouveau diocèse à Saint-Paul.


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