En 1659-60, Médart Chouard Des Groseillers et
Pierre-Esprit Radisson, coureurs de bois illicites, découvrent
le potentiel des riches fourrures dans la région du bassin de la
Baie d’Hudson, et qui est accessible par mer. Ils se rendent à
la cour de France promouvoir leur cause, mais n’arrivent même
pas à se faire entendre par le roi. En conséquence, ils se
tournent vers les Anglais qui sont heureux de profiter de leur
expertise. Ceci mène à l’établissement de la Compagnie de la
Baie d’Hudson (CBH) en 1670 lui donnant le contrôle du réseau du
bassin versant de la baie d’Hudson, que l’on nomme la Terre de
Rupert, au nom du patron royal de l’entreprise.
À l’époque, on ne connaît pas la route vers le Pacifique, le
bassin hydrographique de l’Athabasca reste à découvrir et les
cartes géographiques sont loin d’être exactes. Pendant assez
longtemps, la compagnie britannique se contentera de rester sur
la côte et d’attendre les Amériendiens qui viennent échanger
leurs pelleteries pour des objets de troc, surtout les Cris qui
deviennent leurs intermédiaires dans la traite. La CBH finance
quelques expéditions d’exploration vers le Nord et l’Ouest, sans
bouger pour autant. Entre autres, Henry Kelsey se rend à la
rivière Saskatchewan et traverse des portions des Prairies entre
1690 et 1692. En comparaison, vers 1730, les efforts de La
Vérendrye dans la traite des fourrures et dans sa recherche
d’une route vers la supposée "Mer de l’Ouest", sont en avance de
ceux des Anglais et les Canadiens établissent successivement des
postes à l’Ouest du lac Supérieur. En 1739, Louis-Joseph, fils
de Pierre, rejoint la rivière Saskatchewan et, puisque la
découverte de Kelsey est inconnue à l’époque, il est longtemps
considéré comme son découvreur.
En contraste, le premier poste à l’intérieur des terres de la
CBH, Cumberland House, au nord de la rivière Saskatchewan, n’est
fondé qu’en 1774, plus de cent ans après l’établissement de la
CBH sur le sol canadien, et seulement quatre ans avant la
découverte de Peter Pond des riches fourrures du bassin de
l’Athabasca. Dans le commerce avec la CBH, les Cris deviennent
les intermédiaires du commerce vers le Nord-Ouest. Les
commerçants de Montréal, par contre, au lieu d’attendre que les
Amériendiens viennent à eux, s’enfoncent de plus en plus
profondément à l’intérieur du continent avec leur système "à la
dérouine" qui consiste à approvisionner des individus qui s’en
vont à la recherche de pelleteries. Ce système fonctionnera
jusqu’à la Conquête de la Nouvelle France en 1760, lorsqu’un
grand nombre des bourgeois seront remplacés par des commerçants
américains et écossais, mais en ce qui concerne la main d’œuvre,
elle demeurera canadienne.
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