Plusieurs communautés francophones ont été créées dans le Sud
de la province de l’Alberta, et certaines comme la paroisse
Sainte-Famille de Calgary persistent toujours. Au début de la
campagne de colonisation en Alberta, l’abbé J.-B. Morin fait la
promotion des terres de ces régions. Alice Trottier nous
explique que lors des visites de Morin en Alberta, il faisait le
tour de la province et allait voir comment s’arrangeaient les
colons qu’il avait recruté, de Pincher Creek à Athabasca
Landing1. Albéric Ouellette, lui aussi un prêtre, a aussi
fait la promotion des terres de cette région pour le CPR, et a
fondé Ouelletteville, village qui a été abandonné durant la
grande sècheresse des années trente. Un petit groupe de colons
Canadiens français venant de l’Ouest du Massachusetts s’installe
dans le district de Brant, mais la plupart d’entre eux
s’anglicisent rapidement dans ce milieu où les Anglo-Saxons
prédominaient2. Le problème avec les communautés du Sud
est qu’elles étaient situées dans la zone du triangle de
Palliser, une région extrêmement aride qui, pour quelques années
avait reçu beaucoup plus de pluie que normal. Il y avait des
projets d’irrigation, mais il fallait payer pour l’eau. En plus,
étant sur la prairie, il n’y avait pas de combustibles. Les gens
étaient obligés de faire sécher de la bouse de vache, le « bois
de vache » comme à l’époque des bisons. Beaucoup de ces colons
quittèrent la région en masse lorsque le gouvernement provincial
leur a offert des terres plus au nord, où il y avait plus de
précipitation.
Si l’image de la colonisation canadienne-française dans le
Sud de la province ne semble pas avoir été une réussite, par
contre, de nombreux canadiens français s’intallent dans la ville
de Calgary. En 1887, le Juge Charles Rouleau s’y établit, ainsi
que son frère Édouard, un médecin, et ils fondent le village de
Rouleauville à l’emplacement de la mission catholique. Un petit
groupe d’aristocrates français s’installent pour un temps au sud
de Calgary à un endroit qu’ils nomment Millarville, et font de
l’élevage de bêtes à cornes et de
chevaux3.
Il faut aussi se souvenir que la frontière entre l’Alberta et
la Saskatchewan ne restreint aucunement les mouvements de
population, et qu’il y a de nombreuses communautés francophones
dans le Sud de la Saskatchewan. Il semble qu’il avait un certain
courant migratoire, particulièrement en ce qui concerne le
travail dans les mines de charbon de Lethbridge et du Pas du
Nid-de-Corbeau. En plus, des prospecteurs et des entrepreneurs
français fondent West Canadian Collieries en 1901 et créent le
village de Lille. Ce dernier n’existe que pour quinze ans, mais
à son apogée environ 400 Français et Belges y travaillent.
Bellevue en est un autre villages fondé par West Canadian
Collieries, de fait 7% de la population de la région du Pas du
Nid-de-Corbeau était Française ou Belge.
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