Armand Trochu, surnommé "colonel" par ses camarades, amena un groupe d’aristocrates
mécontents, tous officiers de l’armée française, dans le sud de
l’Alberta en 1905. Lui-même était arrivé dans la région en 1902
mais il ne disposait pas d’assez de fonds pour se lancer dans
les affaires. Il retourna donc en France en quête
d’investisseurs. Il en trouva un certain nombre, grâce à la loi
de la séparation de l’église et de l’état votée en 1905 et qui
mettait fin au financement des écoles catholiques en France.
Ces gens fort à l’aise fondèrent la Compagnie commerciale du
ranch Ste Anne et la région fut bientôt connue sous le nom de la
Vallée de Trochu, finalement abrégée en Trochu en 1911. On
construisit une église catholique en 1907. Le téléphone arriva
en 1908. L’année suivante vit l’arrivée des Sœurs de la Charité
de Notre-Dame d’Evron. Les religieuses firent bâtir un couvent
et fondèrent un hôpital. Elles assuraient sans doute aussi
l’enseignement des enfants de la colonie.
Quelques années plus tard éclata la Première Guerre mondiale.
La plupart des valeureux officiers retournèrent en France se
battre pour la patrie et bon nombre d’entre eux périrent sur les
champs de bataille de France et des Flandres. Une seule des
trois familles qui revinrent demeura à Trochu. Donc, l’influence
française n’eut guère le temps de se faire sentir à Trochu. Ceci
est corroboré par le fait que, sur les quelque mille habitants
recensés en 2001, seuls 15 étaient bilingues et aucun ne parlait
que le français. Mais si vous regardez bien, vous trouverez
peut-être des traces de l’influence française dans la
construction de quelques maisons ainsi que dans les noms de
certaines rues.
Trochu se trouve au cœur de la campagne albertaine et
l’agriculture y est toujours prospère. D’autres sources de
profit sont apparues avec les ressources pétrolières, le gaz,
les carrières de cailloux et les usines de traitement des
viandes. Même s’ils ne sont pas restés, les colons français
avaient certainement découvert le bon endroit.
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