William
Pink qui explorait pour le compte de la Compagnie de la Baie
d’Hudson arriva aux alentours de 1766 près du lac Atin Osogan
Sagahigan (ce qui signifie en cri : le chien, la croupe, le lac)
à 210 kilomètres au nord-ouest d’Edmonton. Les commerçants de
fourrure avaient depuis longtemps un œil sur la région, peuplée
de castors et de bisons. Dans les années 1850, les missionnaires
oblats en route pour le lac La Biche traversèrent aussi
l’endroit. Malgré toute cette activité, il fallut attendre 1884
pour que l’arpenteur A.F Cotton renomme le lac "Vincent" du nom
d’un de ses fils. Les missionnaires s’empressèrent de le
rebaptiser "St Vincent". En 1906, Mgr Emile Legal donna le nom
de "Lac-St-Vincent" à la colonie qui se développait.
La région fut officiellement reconnue comme terre d’implantation
en 1909, mais des immigrants francophones recrutés par les
oblats s’y étaient installés dès 1906. En 1907, Mgr Vital-Justin
Grandin chargea le père Eugène Bonny d’organiser la paroisse qui
fut vite connue pour la fertilité de son sol. La ligne de chemin
de fer contourna la communauté en 1918. En conséquence, celle-ci
ne put avoir le statut de village, ce qui ne l’empêcha pas de
demeurer une communauté rurale active.
Pour les deux premières générations d’habitants, la paroisse St
Vincent joua un rôle important dans la préservation des
appartenances religieuses et culturelles. Une régionale de
l’Association Canadienne Française de l’Alberta (l’ACFA) y fut
établie en 1927 et de nombreux prêtres participèrent à la
création d’institutions culturelles pour venir en aide à la
communauté. Une église nouvellement bâtie sous l’instigation du
père Albéric Ouellette fut détruite par un incendie en 1918 mais
les paroissiens firent face avec courage. Charles Okhuysen
réussit à faire venir des religieuses enseignantes, les sœurs de
l’Assomption qui soutinrent les paroissiens dans la création
d’une nouvelle église qui leur servit d’école. Avec la tendance
à la centralisation des institutions scolaires, l’école fut
fermée en 1965 et les soeurs de l’Assomption quittèrent la
région.
Aujourd’hui, St Vincent est toujours active. La population a
décliné en nombre, mais les fermes se sont développées et la
région est une réussite sur le plan agricole. Toujours peuplée
de gens d’ascendance française, St Vincent demeure une partie
importante de la communauté francophone de l’Alberta.
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