La Deuxième Guerre mondiale mit fin à la crise économique qui
avait frappé la plupart des pays industrialisés du monde
occidental. En Alberta, les grands centres urbains gagnèrent en
importance tandis que les fermiers qui le pouvaient
réinvestirent leur argent dans l’industrialisation de leurs
exploitations. Ceux qui n’avaient pas pu trouver d’acheteurs
pour leurs fermes pendant près de trente ans finirent par en
trouver. En conséquence, les fermes s’agrandirent et ceux qui
quittèrent les régions rurales n’eurent aucun mal à trouver du
travail dans les villes en pleine extension.
Les jeunes qui entraient sur le marché du travail
avaient de nombreuses possibilités en Alberta. Comme
partout ailleurs, pendant la guerre, les femmes
trouvèrent des emplois dans les usines et acquirent
des compétences non traditionnelles au sein d’une
main-d’œuvre en rapide expansion. Avec la découverte
du pétrole à Leduc en 1949, il semblait y avoir du
travail et de l’argent pour tout le monde .Les
compagnies albertaines continuèrent à se développer
et envoyèrent leurs experts à l’étranger. Les
Franco-albertains s’associèrent à ces entreprises;
ils étaient particulièrement recherchés dans les
pays du Maghreb comme l’Algérie.
Les communautés franco-albertaines n’échappèrent
pas aux grands événements mondiaux. Pendant la
guerre froide, la course à l’espace entraîna
l’amélioration du système scolaire dans tout le
Canada. Pour les communautés rurales, cela
signifiait la centralisation qui eut un effet
désastreux. La centralisation agricole affecta aussi
les petites communautés. Les centres mieux situés, à
proximité de la voie ferrée ou des routes à grande
circulation, continuèrent à se développer car les
commerçants pouvaient offrir des prix plus
compétitifs mais ceux des petites villes en étaient
incapables. Les magasins généraux d’autrefois
devinrent des épiceries de quartier. Quelques
petites villes furent rayées de la carte.
Quelquefois c’est un incendie qui détruisait toute
une rue en quelques heures. Le transport
ferroviaire, tant recherché autrefois, fit place aux
gros camions et de nombreuses voies secondaires
disparurent à travers les Prairies. Entre-temps,
l’agriculture était devenue une grosse affaire et
les villes bien situées devinrent des cités
prospères.
L’exode rural se fit au profit des grands centres
urbains comme Edmonton ou Calgary et puisque
l’anglais n’était plus un obstacle pour les
descendants des colons au début du XXe siècle, on
évita la création de ghettos. Pour la plus ancienne
organisation culturelle francophone de la province,
l’Association canadienne-française de l’Alberta, le
grand défi est d’encourager les gens à continuer
d’utiliser la langue française.
Les rangs des Franco-albertains se sont encore
resserrés avec le renouvellement de la prospérité de
la province due à la flambée des prix du pétrole. Si
certains des nouveaux-venus ne restèrent que
temporairement, beaucoup d’autres s’installèrent de
façon permanente dans toute la province pour exercer
toutes sortes de professions.
La Loi sur les langues officielles eut aussi un
grand impact sur les Franco-albertains. Elle attira
de nombreux fonctionnaires et enseignants qui
s’installèrent à Edmonton, Calgary, St.Albert,
St.Paul, Bonnyville, Cold Lake et dans beaucoup
d’autres communautés de la province. Depuis les
années 1960, les coupures budgétaires dans les
services de santé d’autres provinces ont attiré des
professionnels de la santé en Alberta. Chacun de ces
facteurs a enrichi la diversité culturelle de
l’Alberta après la Deuxième Guerre mondiale.
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