Gouvernement provisoire (1869-1870)
Provisional Government (1869-1870) Page 1 |
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Dans les années 1860, la communauté métisse de « Red River » luttait
pour survivre. Les Métis avaient affronté la domination économique de la
HBC et avaient gagné leur liberté. Ils avaient fait face à la pression
de la haute société européenne pour l’intégration des valeurs, avaient
trouvé une façon de s’adapter à cette pression et l’avaient acceptée.
Avec les Premières Nations, ils s’étaient battus sur plus d’un terrain
et avaient gagné le droit d’être présent sur les terres. Des forces de
l’extérieur commençaient à s’introduire et les Métis réalisaient, comme
l’avaient fait les Premières Nations, que l’expansion de la colonie
européenne en Amérique du Nord, n’arrêterait pas.
Il y avait eu des provocations externes aux contrôles économiques et
politiques de la HBC sur un si grand territoire. Depuis le procès Sayer
pour le commerce libre, les habitants de « Red River » avaient entendu
parler d’autres provocations à la suprématie de la HBC, parmi différentes
insultes au système de justice de l’Assiniboine. Il y eut plusieurs
évasions de prison, causées par des querelles internes insignifiantes et
environ dix-sept provocations à la chartre de la compagnie. Ces deux types
de provocations à la HBC, démontraient que la compagnie devenait
inconfortable dans son contrôle au centre de son territoire.
En 1857, la compagnie fut assujettie à une enquête parlementaire
britannique. Même si les privilèges de commerce étaient renouvelés, sa
position n’était pas assurée. En 1863, les actions de la compagnie étaient
majorées et réémises par la Société Financière Internationale, les actions
passaient de quelques détenteurs à plusieurs.
La véritable pression externe sur la HBC, a commencé en 1859, alors que
sa chartre était due pour une autre révision par le parlement britannique.
Un nombre grandissant de pétitions d’autres compagnies, défiait le
monopole de la HBC. De plus, il y avait la menace très évidente que, sans
une infrastructure politique puissante, les Etats-Unis annexeraient une
partie de l’Ouest du Canada. Afin de traiter tous ces problèmes, un comité
parlementaire britannique spécial était formé pour réviser la situation.
En somme, le comité avait posé presque 7,000 questions et entendu le
témoignage de 25 témoins, parmi lesquels figurait George Simpson. À la
fin, le comité décidait que la HBC devait retourner tout terrain
colonisable au Canada. Le décret de Reddition rendit possible le transfert
de la plupart des terrains de la HBC à la Couronne en 1870. En 1869, le
territoire de la compagnie était transféré au Canada par ordre du
gouvernement pour la somme de £300,000.
Les informations au sujet des provocations rendaient les résidents de «
Red River » de plus en plus nerveux. Des rumeurs commencèrent à circuler
que le pays était vendu. Personne ne semblait savoir ce qui arriverait au
peuple. Serait-il vendu avec le terrain ou peut-être déplacé.
En 1869, lorsque l’entente pour le transfert du terrain de Rupert,
incluant la colonie de « Red River », au Dominion du Canada fut conclue
avec la HBC, le peuple de la colonie de « Red River » n’était pas prêt
pour ce changement soudain. Quelques questions importantes subsistaient.
Quelle forme prendrait la nouvelle administration civile? Quand
prendrait-elle le contrôle? Pourquoi ne pas avoir consulté la population
du terrain de Rupert pour discuter de l’entente? Et finalement, le plus
déconcertant pour la population était la nouvelle vague de colons
canadiens et américains qui déménageaient dans la région, ce qui laissait
croire que les droits de la communauté de « Red River » ne seraient pas
préservés et que leurs requêtes pour le terrain ne seraient pas
considérées. Le Dr. John Schultz et des Canadiens sous son influence
furent plus combatifs. Pour leur part, la HBC et le gouvernement canadien
firent très peu pour apaiser ces craintes.
Ce climat existait à « Red River » lorsque, sans explication, les
arpenteurs sont arrivés et ont commencé à tracer des lignes au travers des
lots. On ne fut pas surpris que quelqu’un, la version métisse de
l’histoire, se hâte d’aller chercher Louis Riel Jr. qui revenait tout
juste de l’école de Montréal. L’histoire dit qu’en arrivant, il avança et mis le pied
sur la chaîne de l’arpenteur. De plus, il les avertit que si l’étude
recommençait avant que le Canada ne leur revienne au sujet de la
sauvegarde des droits des Métis, elle serait terminée de force.
C’est ainsi que débuta la conception d’un héros. La communauté était
bouleversée et désirait que quelqu’un parle en son nom. Le ressentiment
les stimulait. Leur sens communautaire grandement développé les unissait
pour une action concertée. Louis Riel Jr. était, dans la communauté, une
des personnes les mieux éduquées et avait la confiance de la communauté.
Le peuple se rappelait sans doute la gérance de son père lors de la crise
du commerce libre. La communauté commença à se rencontrer afin de discuter
de ce qui pouvait être fait. Plusieurs réunions publiques et
d’innombrables rassemblements occasionnels eurent lieu. Ils ne se
laisseraient pas vendre ou chasser de la terre où leurs familles avaient
vécu depuis trois générations. Une partie de la communauté se réunit et
devint le « Comité National des Métis » avec John Bruce comme président et
Louis Riel comme secrétaire.
La communauté apprit (de seconde source) que le Canada avait nommé
William McDougall comme gouverneur de la colonie
Ils le connaissaient comme le propriétaire du journal
pro-annexionniste de Toronto qui avait été le Ministre fédéral du travail
et un des négociateurs avec la HBC. Ils savaient de plus qu’il ne
connaissait pas l’Ouest. On leur dit que le gouverneur et le conseil
avaient été élus et étaient en route pour la colonie avant que le
transfert ne soit complété.
Un groupe de quarante Métis armés se rendit au sud, bloquer la route
que McDougall devait prendre. De plus, ils lui envoyèrent une note, lui
défendant de se rendre dans l’Ouest sans la permission formelle du Comité.
Certains ont relaté ce voyage à la frontière comme la première démarche
illégale des Métis, qui était légalement une résistance et non une
rébellion. La souveraineté de « Red River » était toujours détenue par la
couronne britannique puisque le transfert n’était pas achevé. Les
Canadiens n’avaient pas encore de pouvoir dans l’Ouest. Les Métis
cherchaient à se faire entendre avant que les Canadiens n’assure le
pouvoir.
Le 2 novembre, la même date que les cavaliers métis confrontaient
McDougall à la frontière, Riel envoyait plusieurs centaines de Métis
dévaler l’Assiniboine, par groupes de trois ou quatre. Les soldats métis
saisirent le « Upper Fort Garry » sans qu’un coup de fusil ne soit tiré.
Au fort, on retrouvait un canon, des armes et des munitions ainsi qu’une
provision considérable de pemmican. Cette étape leur permit d’établir un
contrôle militaire. Riel négociait maintenant d’un poste de puissance
militaire. Malgré sa position, Riel refusait de défier la souveraineté de
la Couronne et de plus, faisait des listes de tout ce que les Métis
utilisaient, qui était la propriété de la compagnie afin qu’elle soit
remboursée. La plupart des résidants ne percevaient pas Riel comme un
rebelle.
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