Période préhistorique tardive
(2 000 à 250 ans avant le présent, ou de 0 à 1750 après. J.C.)
Les premiers tessons de poterie découverts dans les sites de l'Alberta étaient associés à des pointes Besant. Ces pointes de projectiles très particulières sont souvent faites de silex provenant de la région de la rivière Knife, dans ce qui est aujourd'hui le Dakota du Nord. Des pointes similaires ayant également été découvertes dans des sites du sud de la Saskatchewan et du Dakota du Nord et du Sud, de nombreux archéologues pensent que le peuple de Besant s'était installé dans les plaines méridionales de l'Alberta à partir du sud-est. En leur temps, les récipients de céramique avaient révolutionné les méthodes de préparation et de conservation de la nourriture, et ont donc inauguré un changement très significatif dans le mode de vie des anciens peuples de l'Alberta. Cependant, les tessons découverts sur les sites du peuple de Besant étant très peu nombreux, la poterie ne semble pas avoir été très répandue en Alberta à cette époque. Il est probable que les gens de la culture de Besant devaient trouver que leurs méthodes de préparation de la nourriture et de conservation convenaient tout à fait à leurs besoins.
Besant Les sites de la culture de Besant se découvrent loin vers le nord, jusqu'au lac Athabasca, et couvrent une période de quelque 700 ans. Les archéologues en déduisent que le peuple de Besant était très adaptable, et qu'il innovait sur le plan technologique. Par exemple, les sites de la culture de Besant indiquent que ce peuple avait développé des méthodes sophistiquées pour la chasse au bison, y compris l'usage des enclos à bisons.
C'est à peu près à cette époque qu'une autre avancée technologique majeure fit son apparition en Alberta. Les arcs et les flèches avaient été utilisés en Asie pendant des siècles, et ils présentaient de considérables avantages par rapport à l' atalatl, ou propulseur. En utilisant des arcs et des flèches, les chasseurs pouvaient abattre du gros gibier avec une plus grande efficacité et à plus grande distance. Une fois introduit en Amérique du Nord, que ce soit par des migrations ou par des emprunts technologiques, l'usage des arcs et des flèches se répandit rapidement. Les archéologues ont pu retracer relativement précisément le cheminement, ou la diffusion, de cette remarquable nouvelle technologie, les pointes de flèches étant considérablement plus petites et plus délicates que les anciennes pointes fabriquées pour les javelots des propulseurs.
Les premières pointes indiscutablement destinées à servir de pointes de flèches découvertes en Alberta remontent à environ 1 800 ans avant le présent, ou aux environs de l'an 200 de notre ère. Ces pointes sont semblables aux premières qui avaient été découvertes près d'Avonlea, en Saskatchewan, aussi les archéologues appellent-ils le peuple qui les a fabriquées la culture d'Avonlea. Certains archéologues pensent que ces pointes indiquent une migration et l'installation de nouveaux peuples en Alberta, peut-être des groupes athapascans voyageant vers le sud. D'autres suggèrent que ces pointes Avonlea reflètent un changement culturel intervenu dans le peuple du lac Pélican lorsque celui-ci adopta de nouvelles techniques de chasse. Tous cependant s'accordent sur le fait que, une fois connus, les arcs et les flèches ont très rapidement supplanté les propulseurs et les javelots que les populations de l'Alberta utilisaient depuis près de 6 000 ans.
Les pointes Avonlea se découvrent à travers toutes les plaines du sud de l'Alberta et de la Saskatchewan. En Alberta, d'importantes découvertes de matériel de la culture d'Avonlea ont été faites aussi loin au nord que dans la région d'Edmonton, au site de Strathcona, de l'autre côté de la rivière à partir du parc Rundle et aussi loin au sud que les collines Cypress. Dans un certain nombre de sites, y compris ceux des collines Cypress, du matériel Besant et Avonlea datant approximativement de la même époque a été découvert dans la même zone, ce qui suggère la coexistence des deux groupes ; beaucoup d'archéologues pensent que ces groupes étaient les ancêtres directs de la plupart des Premières nations vivant actuellement en Alberta.
Les archéologues ont identifié un dernier groupe parmi ces différentes pointes de projectiles, qu'ils ont baptisé du nom de « complexe d'Old Woman ». Ces pointes avaient été identifiées pour la première fois sur un site de saut de bisons au sud de Calgary, entre Cayley et la rivière Haute. Ce site, était appelé à l'origine, de manière quelque peu erronée, « saut de bison d'Old Women » (Old Women's Buffalo Jump). Le véritable nom, selon les aînés des Premières nations de l'endroit, est « Saut de bison des femmes » (Women's Buffalo Jump). Le terme « old » (vieux/vieille) qualifiait l'âge du site, et non pas l'âge des femmes qui l'utilisaient ! Ces pointes de flèches d'une facture soignée et de belles proportions se découvrent souvent en association avec les couches supérieures de matériel archéologique sur les principaux sites de sauts de bisons. Les archéologues pensent que les fabricants de ces pointes de flèches furent les derniers à pratiquer la chasse en commun de la méthode des sauts de bisons, il y a environ 300 ou 400 ans. La possibilité d'acquérir des chevaux, puis plus tard des armes à feu par l'intermédiaire de la traite avec les compagnies de traite des fourrures françaises et anglaises à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle rendit obsolète l'usage des sauts de bisons.