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Concurrence dans la traite des fourrures (1850–1900)

Cuir peint à Fort Whoop-Up.

Après le procès Sayer, les Métis et d'autres traiteurs indépendants élargirent leurs activités. En Alberta, les peaux de bison et les cuirs destinés à la traite prirent une importance particulière pour les chasseurs des plaines, surtout après 1860. Ils vendaient la plupart de ces pelleteries aux compagnies américaines qui opéraient à partir du Missouri. Ce commerce représentait une alternative à la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH), celle-ci se désintéressant du bison, sauf en tant que source de nourriture. Un certain nombre de postes et de lieux de peuplement, y compris les célèbres « postes à whisky » du sud de l'Alberta, tels que Fort Whoop-Up connurent une certaine croissance sous l'effet de ce commerce. L'une des plus importantes communautés métisses s'implanta également au lac du Bœuf (Buffalo Lake) en 1872 pour se consacrer à cette activité. La colonie du lac du Bœuf, située au sud-est de Stettler, attira des traiteurs, des chasseurs et leurs familles après 1872. Les données historiques et archéologiques indiquent qu'à son apogée, 800 personnes, voire davantage, vivaient dans ce village.

Plus loin au nord, la Compagnie de la Baie d'Hudson subissait aussi une autre forme de concurrence dans ses postes de la rivière Saskatchewan Nord, y compris à Fort Edmonton. Fort Victoria, qui est également un site historique provincial, fut implanté en 1864 pour aspirer une partie du commerce des fourrures d'un peuplement intéressant qui s'était formé autour d'une mission créée en 1862. À cette date, un missionnaire méthodiste, le révérend George McDougall, Détail du mur de la palissade sud, Fort Victoria. avait déplacé un petit « poste avancé » missionnaire depuis Smoking, aujourd'hui le lac Smoky, jusqu'à un nouveau site sur la rivière Saskatchewan Nord. Il baptisa sa nouvelle mission « Victoria », en l'honneur de la reine. Cette mission eut tôt fait d'attirer environ 150 protestants anglophones, colons et chasseurs de bisons, la plupart venant de la Rivière Rouge. Ces colons étaient d'ascendance mixte, mélange de Cris et d'Écossais ou de colons originaires des îles Orcades, et reflétaient la diversité des origines et de la culture des gens d'ascendance métisse. La communauté qu'ils fondèrent se basait sur un mélange d'agriculture, de chasse au bison et de traite. L'un des traits intéressants de leur colonie était qu'elle se basait sur des lots découpés à partir de la rivière - le même type de terres agricoles étroites, découpées en « rangs » à partir du bord de l'eau, que l'on retrouve à la Rivière Rouge, et dont les origines remontent jusqu'au premier peuplement de la Nouvelle-France.

Le Fort Victoria de la Compagnie de la Baie d'Hudson était concurrencé par plusieurs traiteurs indépendants, y compris le fils de McDougall, David, et des traiteurs locaux métis indépendants tels que Sam Livingstone, Louis Thompson et Edward McGillivray. Parmi les sites historiques des alentours de Victoria se trouvent la maison du commis de la Compagnie de la Baie d'Hudson à Fort Victoria, une église, et quelques maisons ou cabanes de rondins et d'autres bâtiments liés aux premiers colons métis. En observant attentivement, on peut également apercevoir les vestiges du système original d'allotement riverain de la colonie de Victoria, ainsi que de la colonie toute proche de Lobstick. Parmi les autres lieux d'implantation des communautés de l'Alberta également issus du déplacement des Métis de la Rivière Rouge et de leur installation auprès des postes de l'Alberta, se trouvent Saint-Albert, le Lac Sainte-Anne, le Lac La Biche, Duhamel et la première communauté des alentours de Fort Edmonton.

Le site du poste de traite de 12 Foot Davis. Même dans le Nord, la concurrence affecta la traite des fourrures à cette époque. À Dunvegan, un ancien chercheur d'or, Henry Fuller Davis, implanta un poste de traite rival en 1865. Connu sous le surnom de « 12 Foot » Davis(« Davis Douze pieds »), il avait tout d'abord participé à la ruée vers l'or du Caribou dans l'intérieur de la Colombie britannique. Là, il réalisa une petite fortune, après avoir remarqué qu'une petite bande de terre non réclamée séparait deux des meilleures concessions de terres aurifères. Sa concession obtenue sur cet intervalle libre de douze pieds de large lui procura finalement de l'or pour une valeur de 15 000 dollars. À la fin de la ruée vers l'or, Davis et son partenaire traversèrent les montagnes en direction de la rivière La Paix et se lancèrent dans la traite des fourrures. Ils entraînèrent à leur suite un certain nombre d'autres traiteurs indépendants et, vers la décennie 1880, la plupart des postes de traite de la future Alberta étaient confrontés à la concurrence.

En 1870, le gouvernement canadien racheta ses concessions à la Compagnie de la Baie d'Hudson - en se basant sur la charte de 1670 de la Compagnie - et les régions qui sont aujourd'hui le nord de l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie britannique, le Yukon et la plupart des Territoires du Nord-Ouest vinrent s'ajouter au nouveau pays. Au début, cela n'eut que peu d'impacts sur la traite des fourrures en Alberta, mais le Canada souhaitait fortement inciter au peuplement de ces territoires. Dans ce but, le gouvernement promit la construction d'un chemin de fer allant jusqu'à l'océan Pacifique et il mit également en œuvre des politiques destinées à encourager l'immigration et l'implantation d'agriculteurs, en particulier sur les plaines et les terres vierges de l'ouest du Canada. L'achèvement du chemin de fer Canadien Pacifique, qui atteignit Calgary en 1883, et la croissance des lieux de peuplement, y compris ceux de nouvelles villes telles qu'Edmonton et Calgary, provoquèrent la lente transformation de la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui, de compagnie de traite, devint une chaîne de magasins de vente au détail.

La traite des fourrures après 1900

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