Profile de site: La chapelle du père Lacombe, St. Albert
Un nombre d'ecclésiastiques catholiques ont visité l'Ouest canadien avant 1759 avec les traiteurs tels que La Vérendrye. On sait peu de choses sur leurs activités, et après la chute de la Nouvelle-France en 1759-60, l'activité missionnaire a cessé jusqu'au début du 19ème siècle. Des critiques de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH), en Angleterre, soulevait régulièrement le point que cette dernière ne faisait rien pour promouvoir le christianisme dans ses territoires - se limitant seulement à l'occasionnel sermon et service dirigés par les officiers des postes pour leurs hommes (et cela à la discrétion de l'officier individuel).
La création de la colonie de la rivière Rouge en 1811-12 a changé la donne et a rendu la compagnie modestement consciente qu'elle devrait supporté une sorte d'activité missionnaire - et certains membres du comité de gestion, en tant que chrétiens évangéliques, ont mis en avant le problème. En 1818, deux missionnaires catholiques visitent la rivière Rouge et en 1820, la CBH envoie un ministre anglican, John West, pour tenir le rôle de chapelain de la compagnie et explorer les possibilités de travail missionnaire dans les territoires de la compagnie. West reste à la rivière Rouge jusqu'en 1822 avant de retourner en Grande-Bretagne. Ces premiers pas d'essai de l'activité missionnaire établissent quelques uns des problèmes majeurs pour les décades suivantes. Tout d'abord, il n'est pas exactement clair pour qui ces missionnaires sont envoyés - les employés de la compagnie et leurs familles ou en tant qu'évangélistes pour les Premières nations. Ensuite, où a-t-on besoin d'eux? La plupart concentrent initialement leurs efforts sur la colonie de la rivière Rouge. Enfin, qu'elle est leur relation avec la CBH? George Simpson a décidé clairement de ne pas favoriser telle ou telle confession religieuse (à côté du christianisme) sur une autre, et les missionnaires catholiques, anglicans, méthodistes et presbytériens sont tous autorisés à intervenir dans ce domaine. Bien que la traite des fourrures n'est pas absolument opposé à l'activité missionnaire, certains individus et idées conviennent mieux à certaines compagnies plutôt qu'à d'autres. Foncièrement, Simpson et ses officiers tendent à être concernés quand les missionnaires encouragent des idées et des attitudes qui ont un impact négatif sur la traite: ne pas pagayer les canoës le dimanche ou renoncer à la trappe pour l'agriculture par exemple.
Peu après avoir rejoint la rivière Rouge, les premiers missionnaires commencent à diriger vers l'ouest pour explorer les territoires plus larges de la traite des fourrures, et il devient bientôt clair que celle-ci représente un domaine d'activité vaste - des centaines de postes, une population éparse, des douzaines de nations, des centaines de bandes distinctives. Les ecclésiastiques anglicans, méthodistes et autres protestants sont souvent mariés et ont des familles qui posent certaines limites sur le fait qu'ils peuvent réussir à établir des missions. Les ecclésiastiques catholiques ont bien peu moins de contraintes et bénéficient d'un grand support organisationnel pour l'activité missionnaire. Résultat, les missions catholiques se propagent rapidement au nord et à l'ouest. On porte au crédit du père Thibeault d'être le premier missionnaire catholique à travailler activement dans ce qui allait devenir l'Alberta quand il a visité Edmonton et d'autres lieux en 1842. Il établira plus tard une mission au lac Ste-Anne avec le père Bourassa.
En 1849, un jeune prêtre du Québec, Frère Albert Lacombe se rend dans l'Ouest pour rejoindre l'entreprise missionnaire. Lors des deux années suivantes, il œuvre dans une mission avec les Métis de la rivière Rouge à Pembina, près de ce qui allait devenir la frontière Manitoba/Nord Dakota. Après un bref retour à Montréal, il est envoyé une nouvelle fois dans l'Ouest pour remplacer le père Thibeault à la mission du lac Ste-Anne. Là, il apprend le cri et développe un entourage de disciples considérable auprés des Métis qui sont établis dans la region et auprès des Cris également. Ses succès au lac Ste-Anne et son intérêt pour les Métis le conduisent à proposer la création d'une nouvelle mission qui serait le noyau central d'une colonie métisse entre Fort Edmonton et le lac-Ste-Anne. En 1861, il établit cette colonie à St-Albert sur la rivière Esturgeon. Cette situation est idéale pour servir ses desseins car elle offre une chance de développer une colonie agricole basée sur les lots riverains, tout en permettant aux résidents de garder un intérêt pour la chasse aux bisons, l'échange de marchandises qui ont soutenu le mode de vie des Métis depuis des décades.
Lacombe achève rapidement la construction d'une chapelle et d'une résidence sur une colline surplombant la rivière, et commence à défricher la terre pour les récoltes. Plusieurs familles métisses le suivent dans la communauté - la plupart venant du lac Ste-Anne - et l'année suivante, on rapporte que près de 20 cabanes sont regroupées le long des lots riverains s'étendant à deux milles de la rivière. Cette même année de 1862, un pont, un moulin à grain et un nouveau couvent pour abriter les sœurs grises qui sont venues rejoindre le père Lacombe sont construits. Lors des années suivantes, alors que la colonie s'agrandit, on ajoute au site de la mission Lacombe un hôpital, une école et un orphelinat.
Lacombe ne reste pas longtemps à ce nouveau site. Même s'il est en train de l'établir, il est intéressé à poursuivre une mission plus évangélique auprès des Pieds-Noirs et autres Premières nations du sud des plaines. En 1865, il part pour poursuivre ce but, mais la communauté qu'il a fondée continue et s'épanouit. Ce n'est pas toujours évident de détecter la communauté originale des Métis des lots riverains que souligne la ville moderne de St-Albert, mais elle est bien là par la présence d'une poignée de bâtiments tels que la Maison Cunningham et des bâtiments de la colline de la mission. Par exemple, la chapelle du père Lacombe, site provincial historique qui, bien qu'elle ait été déplacée, - peut-être plus d'une fois - demeure encore sur la colline de la mission surplombant St-Albert comme elle l'a été depuis 1861.