Edmonton, 1891-1900
Les départs
; "Revillon Freres company trading district office in Edmonton warehouse")
Au début du XXe siècle, certains membres de l’élite canadienne-française quittèrent définitivement la région. C’est le cas de Frédéric Villeneuve et de l’abbé Morin qui étaient repartis à Montréal et du docteur Philippe Roy qui fut nommé sénateur. Le menuisier Jos Bougie quittera lui aussi définitivement Edmonton pour retourner dans l’Est en novembre 189852.
Malgré les attaques incessantes contre leurs droits, malgré le peu d’aide extérieure, malgré le peu d’immigrants francophones qui se sont établis dans la région edmontonienne — si on les compare à l’ensemble des immigrants pour cette période — il n’est pas rare de trouver des familles qui sont venues a cette époque et qui continuent de parler le français. Avaient-ils le choix de rester ou de quitter? Ont-ils regretté leur geste? Auraient-ils fait mieux ailleurs? Ces questions sont difficiles à répondre. Mais jusqu’à récemment, on entendait encore parler le français dans ces communautés autour d’Edmonton où les Francophones se sont installés, comme à St-Albert, Beaumont, Morinville ou Legal. C’est le signe de la vitalité de la communauté francophone de la région d’Edmonton.
Commerçants d’Edmonton53
; "Revillon Freres store, Edmonton, Alberta.")
Plusieurs Francophones avaient un commerce à Edmonton et faisaient aussi paraître de la publicité dans les deux journaux de la ville, L’Ouest Canadien et le Edmonton Bulletin.
G. H. L. Bossange possédait une librairie dans la Bâtisse Heiminck, sur l’avenue Jasper. Depuis 1893, mademoiselle Elizabeth Charbonneau avait une boutique de mode tout près de la Banque Jacques-Cartier, sur l’avenue Jasper54. Napoléon Leclerc, avait une boucherie à côté de la Imperial Bank, sur l’avenue Jasper. Trois commerces, du type “magasin général” avaient pignon sur rue à Edmonton et étaient gérés par des Francophones: Gariépy & Chénier55, Marks, Clavet & Dobie56 ainsi que Larue & Picard. Ce dernier magasin était situé sur le côté sud de l’avenue Jasper, près d’où l’on trouve aujourd’hui le complexe d’appartements MacDonald Place57.
En 1893, messieurs Stanislaus Larue et Joseph-Henri Picard firent installer une nouvelle enseigne aux couleurs vert et or, décrite ainsi par le Edmonton Bulletin: « a handsome swinging sign in green and gold, (with) a green maple leaf, a beaver in gold and Larue & Picard in gold letters »58. En plus de leur enseigne, Larue & Picard avaient fait construire une nouvelle voiture de livraison, construite par Raphaël Duplessis et peinte par Félix Renaud aux mêmes couleurs.
Parmi d’autres Francophones qui possédaient un commerce sur l’avenue Jasper ou près de celle-ci, notons Eudore Voyer qui était un agent pour la compagnie Singer. Il était aussi vendeur d’assurances. Désiré Rivest était barbier et possédait un commerce tout près de la Banque Jacques-Cartier. Madame Lechambre était pâtissière et avait son commerce en face du magasin général MacDougall & Secord. Raphaël Duplessis59 construisait des bateaux et des chaloupes pour les Klondykers. Messieurs Rivard et Duhamel avaient un bureau de recrutement. Jos Bougie vendait et réparait les voitures à cheval et possédait un atelier à l’angle de la Queen street (99 rue) et de l’avenue Jasper, derrière le commerce de Stovel & Strang.
Plusieurs commis francophones travaillaient dans les commerces tenus par des Francophones: Joseph Bilodeau et J. T. Labissionnière étaient commis chez Larue & Picard; Authime Charbonneau, Armand Manson ainsi que Joseph Derome étaient employés au journal L’Ouest Canadien en tant qu’imprimeurs. Prosper-Edmond Lessard60 et H. Grégoire étaient commis chez Gariépy & Chénier; Henri Leteruson était valet d’écurie à l’Hôpital Général.
Un service en français
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Plusieurs Francophones travaillaient dans un commerce anglophone et pouvaient ainsi offrir un service en français: Mastaï Bertrand, un « Klondyker qui avait décidé de rester à Edmonton »61, travaillait pour la compagnie Edmonton Saddlery Co. et s’occupait d’achat, de réparation de selles et d’attelages. Les frères S. et G. Corriveau62 étaient fer-blantiers pour le magasin général Ross Brothers. F. D. Fortin avait établi une librairie au début des années 1890. Plus tard, il avait quitté Edmonton pour San Francisco et était revenu en novembre 1897 pour aller travailler chez McDougall & Secord, le plus important magasin général d’Edmonton.
Louis Garon était commis pour les quincaillers Stovel & Strang. Baptiste Deschamps travaillait pour la Hudson Bay Company; Louis Larocque travaillait au Fort de la Hudson Bay Company; Henri Morel était commis pour la compagnie de meubles J. T. Blowey. Finalement, J. Charbonneau était conducteur d’attelages chez Gallagher63.