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La Relève Albertaine

La Relève albertaine est un grand mouvement de jeunes créé en 1950 par l’Association des éducateurs bilingues de l’Alberta (AEBA) suite à une suggestion du père Forget. Bien que le mouvement dure à peine neuf ans, la Relève aura de très grands succès et son impact sur la communauté franco-albertaine est encore évident de nos jours. Nombreux sont les dirigeants de la communauté franco-albertaine qui ont d’abord participé activement à la Relève Albertaine.

Pendant l’année 1952-1953, le père Forget fait la tournée des principaux centres afin de présenter l’idée de la Relève aux éducateurs francophones. Cette même année, il rédige aussi la première ébauche de la constitution de l’Association. Dans le texte de la constitution de la Relève acceptée par le comité provincial lors de sa réunion du 4 avril 1959, on décrit la nature et les buts de la Relève de la façon suivante :

La relève Albertaine est un mouvement de jeunes Canadiens-français désireur d’assurer le progrès de leur groupe ethnique et catholique en Alberta et de le promouvoir dans tout le Canada. (Relève, 4 avril 1959,1)

De plus, le mouvement veut créer chez tous les jeunes Canadien français de l’Alberta une conscience intense de leur solidarité et leur faire voir la richesse de leur vie française dans le monde actuel.

La Relève dont la devise est «Soyons nous-même» a trois paliers, le local, le régional et le provincial. La fonction du local est d’étudier le plan d’action préparé par le provincial, de le compléter et de l’adapter à son milieu particulier. Ainsi, c’est au niveau local que s’actualise les buts de la Relève. Le comité régional, lui, sert de lien entre les comités locaux et le niveau provincial qui est responsable de la promotion de la Relève dans et en dehors de la province. L’éxécutif provincial dirige et prépare le programme de l’année et organise le congrès annuel en collaboration avec les comités régionaux.

Il importe de souligner que la Relève albertaine entend former ses membres par l’étude et l’action. Ainsi chaque année, l’Association prépare un programme d’étude choisi par les jeunes eux même. Ce programme développe un thème particulier et des activités spéciales à réaliser en coopération avec les autres mouvements et regroupements de la province. Le programme d’études de 1955 traite des loisirs. L’année suivante, on aborde le thème de la culture et en 1957 le programme traite de personnalité et s’intitule «Sois moderne». Par la suite les jeunes vont aussi choisir de développer le thème de la compétence et celui des traditions.

Pour cimenter l’amitié et la solidarité entre les membres, on encourage beaucoup la correspondance. Il s’agit d’échange de lettres circulaires mensuelles d’écoles à écoles ainsi que des lettres de Relève entre les jeunes eux même. La Relève communique aussi avec ses membres par l’entremise de la radio et du journal La Survivance. Les jeunes sont responsables d’une émission bimensuelle diffusée le dimanche après-midi. L’émission est réalisée par les jeunes des différentes régions de la province. De plus, le journal La Survivance publie une chronique des jeunes préparée par et pour les jeunes, des lettres circulaires et la correspondance entre les écoles.  

Les jeunes de la Relève se rencontrent souvent. Par exemple, il y a des petits congrès régionaux, des réunions mensuelles, des rencontres des comités régionaux, des soirées familiales mensuelles, des fêtes spéciales et les rencontres du Comité provincial en région. Les grands congrès annuels, cependant, comptent parmi les rencontres les plus importantes surtout à cause du nombre de membres qui profitent de l’occasion pour se réunir.

Le premier grand congrès annuel a lieu le 5 novembre 1954 et l’initiateur de la rencontre est un élève du Collège Saint-Jean, Jean Papen, natif de Prudhomme Saskatchewan. Entre avril 1953 et octobre 1954, une invitation est lancée à toutes les écoles d’envoyer une délégation au premier grand congrès préparé par une soixantaine d’élèves de Saint-Jean et une trentaine d’élèves de l’Académie Assomption. Plus de 300 délégués répondent à l’invitation.

Le congrès de 1955 a lieu à Falher et regroupe plus de 300 jeunes. Celui de 1956 a lieu au Collège Saint-Jean et regroupe plus de 600 participants. L’année suivante, le congrès a lieu à Saint-Paul et puisque l’espace est limité, la Relève décide de restreindre les inscriptions aux 150 délégués officiels qui participent au congrès de Saint-Paul. L’année suivante le congrès a de nouveau lieu au Collège Saint-Jean et regroupe quelques 300 membres.

La Relève s’occupe aussi d’une variété de projets intéressants dont le concours provincial annuel pour le trophée Poirier. En 1956, l’association va utiliser le concours comme moyen de choisir son écusson. En 1957, les participants au concours doivent rédiger une composition; ceux de 1958 doivent dessiner un drapeau et on demande aux participants du concours de 1959 de préparer un dessin au sujet de l’une des traditions canadiennes-françaises.

Le regroupement de jeunes a aussi le plaisir d’accueillir de nombreux visiteurs dont deux qui se font remarquer de façon particulière. En avril 1957, le maire Jean Drapeau est de passage à Edmonton et la Relève profite de l’occasion pour le proclamer premier membre honoraire de la Relève. Le mois suivant, c’est Maurice Richard qui se présente sur scène le soir du grand Festival de la fierté française qui a lieu à Edmonton. Jacques Johnson, le président de la Relève, lui remet alors un écusson de la Relève. La Survivance rapporte que Maurice Richard est très ému et qu’il promet de remettre l’écusson à son propre fils en lui demandant de le porter au nom de tous ses amis de la Relève.

Et puis la Relève participe aussi aux activités de la communauté adulte. Par exemple en mars 1955, l’Exécutif central de l’ACFA invite un représentant de la Relève à siéger à titre de membre «ex officio». En mars 1956, le président de la Relève va exprimer le souhait que chacun des cercles locaux de l’ACFA invitent un représentant de la Relève à faire partie de leur exécutif local. Pour les adultes, la Relève porte bien son nom puisqu’elle assure l’ACFA et les chefs de demain.

Comment les jeunes, eux, se perçoivent-ils et comment est-ce qu’ils décrivent leur rôle? En mars 1955,  le vice-président, Roger Hébert déclare que les jeunes ont «un héritage très précieux à conserver» et qu’il faut en être fier. (LS. 2 mars 1955, 2). Dans un reportage de la Relève signé Jacques Boucher publié dans La Survivance en décembre 1956, le jeune Boucher qui plus tard deviendra le directeur des programmes au poste CHFA décrit ainsi le rôle des membres de la Relève.

…N’oublions jamais que notre rôle est en un sens celui du soldat, car nous devons sans cesse combattre pour protéger notre langue, nos traditions et notre foi. Nous serons vainqueurs si nous, les jeunes d’aujourd’hui qui sommes les adultes de demain, savons se tenir par la main et redire avec fierté «Restons, nous-mêmes.» (L.S. 5 déc 1956,2)

Malheureusement le congrès de 1959 est le dernier congrès de la Relève, car l’association est en perte de vitesse. Elle va s’éteindre cette même année mais pas avant d’avoir tracé un sillon formateur dans les rangs de la jeunesse canadienne-française. Les jeunes de la Relève vont devenir les enseignants, les médecins, les directeurs et directrices d’écoles, les gens d’affaires et les présidents et présidentes de l’ACFA. Il faut donc croire que tous ces congrès, ces activités, ces programmes d’études ont permis aux jeunes participants de développer les attitudes et les valeurs nécessaires pour assurer la survie et le développement de la communauté franco-albertaine.   Mais la Relève qui avait remplacé d’autres mouvements de jeunes sera remplacée à son tour par d’autres regroupements, le Comité des jeunes par exemple et plus tard par Francophonie Jeunesse de l’Alberta.


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