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Activités économiques des francophones de la région d’Edmonton

Il est difficile d’examiner les activités économiques des francophones de la région d’Edmonton en tant que groupe exclusif, la ville a toujours été un centre pour les communautés périphériques de la province. En apparence, on peut voir peu de choses des activités économiques de la population francophone de la région d’Edmonton dans les années 1950. On trouve quelques professionnels tels que des docteurs, des avocats ou des enseignants qui offrent leurs services dans la langue française, et des gens viennent des régions autant que de la ville pour les consulter. L’activité économique est en partie la même, mais généralement, quand il s’agit de finances ou d’investissements, les canadiens-français doivent devenir bilingue pour faire des affaires en Alberta. C’est le cas de beaucoup de canadiens-français d’Edmonton qui, bien plus tôt au début du siècle, ont fait de l’argent en étant commerçants ou hôteliers et qui, plus tard, ont consolidé leurs fonds par l’investissement dans des firmes comme « Imperial Agencies » ou « Western Timber and Mines », des entreprises de financement qui sont établies à travers la province.

Il y a toujours des petites entreprises familiales, telles que des pensions de famille par exemple. Après la Deuxième Guerre mondiale, dans les pages de la La Survivance, l’on trouve beaucoup d’annonces dans le secteur des services. Les annonces typiques touchent les ventes de moquettes, les services funéraires, les magasins d’électronique ou des tailleurs, tels que les Frères La Flèche ou Les Fourrures Trudel. Bien que ces petites annonces suggèrent de modestes entreprises, certaines ne le sont pas. Par exemple les Frères La Flèche ont fourni les uniformes de la ville d’Edmonton et pour le régiment loyal d’Edmonton pendant la Première Guerre mondiale. Ils ont aussi ouvert des magasins à Calgary et Vancouver. La firme existe toujours, il n’y a pas longtemps les chauffeurs des autobus Greyhound portaient encore des uniformes de ces tailleurs.

Cependant, il y a des exceptions à la règle, certains francophones ayant fait fortune ici sans attirer beaucoup l’attention «officielle» de la communauté franco-albertaine. C’est le cas du jeune Français Jean de la Bruyère qui, dans les années 1950, s’associe avec Sandy MacTaggart, son collègue de classe à Harvard, et qui ensemble localisent Edmonton comme étant la place pour faire fortune dans l’immobilier. S’établissant ici après leur graduation sous un composite de leurs noms (Maclab), ils commencent leur ascension vers les sommets de la fortune. Leur firme est mentionnée dans une annonce du Lions Home Bingo dans l’édition de La Survivance du 11 avril 1956 où Maclab Homes fournit une maison à trois chambres à coucher pour une valeur de 11 500.00 $ de leur nouveau développement dans le secteur Argyll d’Edmonton pour l’agent de financement des Lions. Jusqu’à ce que l’on lise à propos du Théâtre Maclab, donation de la firme au Théâtre Citadel en 1978, il n’est fait mention ni de la présence de cette firme dynamique ni de l’associé français dans le journal francophone. Ce n’est pas vraiment une surprise car le journal appartient aux missionnaires oblats de Marie et le contenu est essentiellement religieux et paroissial, mais les vents du changement sont entrain de souffler. En 1967, quand les oblats vendent le journal (Pour un dollar) à l’Association canadienne-française de l’Alberta, il devient Le Franco-Albertain. Il commence alors à s’éloigner des nouvelles touchant à l’Église. Un autre facteur probable est qu’à cette époque la majorité des Franco-Albertains étaient loin de venir de la «jet set» française comme le parisien de la Bruyère. En passant, le cas de la Bruyère n’est pas unique.

Dans les années 1960, le développement économique fait partie des préoccupations des hommes d’affaires francophones de la communauté d’Edmonton. L’un d’eux se lamente du manque d’initiatives de la part de la communauté canadienne-française et du court-circuitage d’opportunités pour l’investissement et le profit dans la ville elle-même. «On est mort, on est mort», est-il cité dans l’édition du 21 août 1963 de La Survivance, puisque des projets d’affaires potentiellement viables sont constamment entrain de leur échapper à cause de leur inexpérience, le manque d’aptitude dans le monde des affaires ou le manque de capital. Les adhérents de l’ACFA sont conscients du besoin d’améliorer le sort du Franco-Albertain moyen. Un plan pour fournir de l’assurance santé et assurance vie est mis en place pour les membres avec l’affiliation du Groupe Desjardins du Québec. Cela aide aussi à financer l’ACFA qui, toujours, subit de fortes pressions pour essayer de rester à flot à cette époque avant que les fonds du gouvernement fédéral deviennent disponibles suivant le bilinguisme officiel. Aussi, l’ACFA, en 1960, établit une série de commissions, parmi lesquelles figure la «Commission de la promotion économique», dont les résultats sont inclus au congrès annuel de 1961. Marcel Chevrette est président du groupe avec Dr. Jean-Paul Bugeaud et Gérard Moquin. L’éducation continue est encouragée, particulièrement pour les jeunes canadiens-français. Un programme de prêts aux étudiants est mis en place pour subvenir à cet objectif. L’ouverture aux « autres » se fait aussi : en 1965, la constitution de l’ACFA est modifiée pour s’assurer que les francophiles, francophones et membres de la communauté en général puissent occuper des positions dans l’association, et non seulement les membres du clergé ou les canadiens-français catholiques. Quelques années plus tard, la mise en œuvre du bilinguisme officiel en 1971 va ouvrir des portes aux Franco-Albertains dans le domaine fédéral et contribuer à une augmentation de francophones bilingues dans les services postaux civils à Edmonton (et partout au Canada) pour répondre aux nouveaux besoins.

Dans le domaine financier, la première coopérative d’épargne et de crédit franco-albertaine voit le jour à Calgary en 1935, après avoir fait l’objet de discussions pendant trois ans à l’ACFA locale. Encouragées par le clergé et l’ACFA, d’autres communautés françaises de l’Alberta emboîtent le chemin. À Edmonton en 1946, les paroisses de Saint-Joachin et de l’Assomption créent leurs propres petites coopératives de crédit et d’épargne, de même que le font les paroisses de Saint-Albert et de Beaumont. La plupart des paroisses rurales créent aussi des coopératives de consommateurs pour la nourriture sèche, produits et fuel; quelques unes établissent aussi des coopératives de producteurs pour la vente de bétail, comme il en est le cas dans la région de Rivière-la-Paix, ou la vente d’œufs à Beaumont. Plusieurs Franco-Albertains siègent aussi aux commissions de coopération provinciales ou sont employés pour inspecter les coopératives de la province. Bien que ce mouvement coopératif se laisse aller quelque peu, la plupart des institutions sont éventuellement amalgamées en de plus grandes unités. En 1972, les deux coopératives de crédit et d’épargne francophones d’Edmonton s’unissent pour créer la Caisse Francalta qui ouvre officiellement ses portes le 17 février 1973. Une année plus tard, la Caisse Francalta ouvre une succursale à Falher, et en 1975 une autre est envisagée pour Saint-Isidore. Le bureau d’Edmonton partage ses locaux avec la CARDA (Co-opérative d’aménagements régionaux et de développements agricoles), et inclut la librairie Schola qui a été achetée à la librairie Fides qui a fermé ses portes après un peu plus de dix ans d’existence.

Le cas de CARDA mérite que l’on s’y attarde. Elle est établie après la Deuxième Guerre mondiale pour que les biens immobiliers, particulièrement les terres agricoles au sein des paroisses françaises de l’Alberta restent entre les mains des Franco-Albertains ou pour les rendre disponibles à des nouveaux arrivants (francophones) du Québec qui s’en viennent pour faire de l’agriculture à l’époque. Saint-Isidore est un parfait exemple de cette communauté de colons «retardataires». Mais l’économie fleurissante d’après guerre rend finalement possible aux agriculteurs de vendre les propriétés qu’ils avaient été forcé de retenir depuis le milieu des années vingt, cela dû à une suite de désastres: la surabondance de blé sur le marché mondial, la Grande dépression et puis la guerre. Il y a maintenant plein de travail dans la construction dans les villes, dans les champs pétrolifères bourgeonnant suivant le boom de Leduc en 1949 et dans d’autres secteurs d’expertise, et donné cette situation, les agriculteurs à travers la province vendent leurs biens et déménagent dans les villes où les opportunités de travail sont nombreuses et les institutions éducationnelles plus importantes sont disponibles pour leurs enfants. Ceux qui souhaitent rester sur leurs terres doivent s’agrandir et se moderniser : de plus grandes terres et une mécanisation plus importante sont essentielles. C’est dans cette situation que la CARDA est créée pour mettre en commun les fonds. L’ACFA approuve cette initiative mais n’investit pas financièrement dans la firme, laissant cela pour le secteur privé, les coopératives de crédit et d’épargne et les coopérateurs. La CARDA va éventuellement s’étendre pour inclure non seulement les terres agricoles mais aussi les biens immobiliers des villages et des villes. Mais en 1982, un important investissement à Edmonton tourne mal, et la CARDA est obligée de cesser ses activités. À cette époque, de nombreux Franco-albertains vont souffrir de pertes financières substantielles, et l’ACFA est alors forcée de défendre son autonomie en la matière, refusant de se porter garant de la CARDA. Mais la réalité est qu’elle n’a tout simplement pas de pouvoir financier et est en déficit presque tout le temps.

En ce temps-là, à Edmonton, les villes voisines de Beaumont et de Saint-Albert deviennent des cités dortoirs pour la métropole et de nombreux agriculteurs franco-albertains de la région deviennent promoteurs, divisant les parcelles de leur ferme et vendant les lots. L’expansion de l’aéroport international a pour certains cultivateurs de la région de Beaumont et de Leduc un apport financier et change considérablement la vocation maraîchère de la communauté qui auparavant vendait au marché publique de la ville d’Edmonton.

En 1994, l’Association des gens d’affaires d’Edmonton est créée avec pour objectif de regrouper les individus impliqués dans le monde des affaires; ils se rencontrent régulièrement et s’échangent leur carte d’affaires. À cette époque, l’ACFA est aussi impliquée à promouvoir le développement économique. Le financement est finalement obtenu pour les Franco-Albertains en 1998 de la part du gouvernement fédéral sous la section 41 de la loi sur les langages officiels; aider au développement des minorités de langage officiel dans des situations de minorité. Sous l’auspice du Comité national de développement des ressources humaines de la francophonie canadienne, la Chambre économique de l’Alberta est créée avec un bureau principal à Edmonton, puis d’autres à Rivière-la-Paix, Calgary et Saint-Paul. Souvent prise pour une «chambre de commerce», neuf ans plus tard on lui remplace son nom pour lui donner celui de «Conseil de développement économique de l’Alberta» (CDÉA) (www.lecdea.ca). L’organisation a pour mandat d’aider les francophones à développer des affaires, agir en tant que conseiller et chercher à accroître la visibilité des Franco-albertains et les services qu’ils offrent dans le secteur des affaires. Le CDÉA représente aussi la communauté francophone partout dans la province et agit en tant qu’agent intermédiaire pour stimuler l’initiative entrepreneuriale. L’industrie du tourisme a été l’un de leurs projets majeurs, avec l’Alberta étant vantée comme étant «L’autre belle province»; un guide touristique est disponible qui liste les communautés françaises à travers l’Alberta, leurs origines et points d’intérêt. Le guide est aussi disponible en ligne par le moyen du site Web du CDÉA. Avec l’aide du CDÉA, une visibilité croissante est de fait entrain de se réaliser, et le développement économique par les francophones est maintenant une réalité.


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