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Paysage Social
Armand Trochu
par Jacques Bence
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En 1985, on a demandé à Lorene Anne Frère de contribuer au livre de l'histoire de locale en retraçant l'histoire du Ranch Ste. Anne. Ses recherches l'ont menée à la correspondance entre Armand Trochu et sa famille et parenté datant de 1903 et entreposée aux archives du musée
Glenbow. L'entête de la lettre avait l'adresse "LaVenauderie, Saint-Clémentin."
En janvier 1988, une enveloppe envoyée par Lorene Anne et adressée aux "descendant d'Armand
Trochu" est arrivée à La Venauderie, demandant la permission de venir visiter les "descendants" et leur
parler. Jacques Bence, petit-neveu d'Armand Trochu, a immédiatement téléphoné à Lorene Anne, lui exprimant son délice et amitié et son soutien pour son
entreprise. La collaboration a établi de nouvelles sources de connaissances et de compréhension sur la personne du
"Français qui a fondé la ville."
Le 26 juillet 1995, Jacques Bence a prononcé ce discours à l'occasion du 90e anniversaire de la fondation de
Trochu, dans le vallon où son grand-oncle avait établi le Ranch Ste.Anne.
Alors que je survolais l'Atlantique nord et les régions sans fin du Canada, votre beau pays si divers, j'essayais de m'imaginer quelles avaient été les pensées de ceux et celles qui avaient osé franchir l'océan il y a de cela 94 ans, attirés par la grande prairie de l'Ouest canadien. Beaucoup d'études ont été réalisées à l'Université McGill. Par conséquent, je ne ferai pas davantage de commentaires sur les divers accomplissements marquant la manière dont Trochu a été fondé avec quelques chevaux, haches et dollars, les seuls outils que possédaient les fondateurs, la majorité d'entre vous connaissent ces faits historiques.
Je préfère plutôt, en tant que Français et membre de la famille Trochu, m'intéresser à quels types d'état d'esprit et de pensées ont poussé des hommes comme de Beaudrap, Butruille, de Cathelineau, de Chauny, Devilder, Eckenfelder, Papillard, de Preault, Sculier, de Seilhac, de Torquat, Trochu, de Vautibault, et beaucoup d'autres dont je m'excuse de ne pas citer les noms, loins de leurs racines, à venir et rester ici. Je vis en France, dans le village natal de mon grand-oncle, Armand Trochu, qui n'a pas beaucoup changé durant les 100 derniers ans, alors je me demande souvent, simplement en regardant autour de moi, quel sorte de courage ou de pure inconscience était nécessaire pour délaisser le confort de la maison seigneuriale de classe moyenne, le village paisible ou les villes vibrantes.
La plupart d'entre eux n'avaient qu'une vague idée de la taille énorme du pays ou de ses conditions climatiques extrêmes, et des difficultés, sortes de maladies, l'isolation, et événements dramatiques qu'ils allaient rencontrer. Rien en France n'est comparable ou aurait pu les préparer, excepté peut-être monter à cheval. En France, le village ou la communauté d'importance était à quelques pas. Leurs résidences confortables et leur mode de vie reflétaient les conditions de la vieille aristocratie de la fin du 19e siècle qui étaient encore bien vivantes.
La Venauderie, où Armand Trochu vivait, était un domaine familial de campagne, supporté par les revenus venant de quelques fermes avec quelques dizaines d'hectares de blé et de bétail. Ils avaient une petite écurie de trois chevaux, de vaches, un beau potager, de l'eau à volonté et même un four à pain. Le climat, comme aujourd'hui, était doux, même si durant l'hiver les températures pouvaient atteindre - 5 degrés! En bref, la vie n'était pas difficile. Ils y avaient des réceptions, des parties de jardin, des mariages et autres événements sociaux avec les voisins de même classe sociale. De vieilles photos que nous possédons nous donnent un bon témoignage de cette vie aisée. Je suppose que les autres membres de la future colonisation française ont dû avoir une vie similaire sinon meilleure, particulièrement dans les villes. Par conséquent, il n'y aurait pas du avoir de fortes motivations pour ces jeunes "aristocrates" pour venir soudainement à Calgary et quitter leur "douce France" que tous aimaient.
Maintenant que j'ai lu une partie de la correspondance privée d'Armand Trochu et parlé avec son neveu, mon beau-père, qui a bien connu Armand Trochu et sa famille, il semble que les soit disant difficultés qu'il a pu avoir quand il était courtier à Vannes soient mineures comparées à son fort désir de prouver à son père et à sa famille qu'il était capable de réaliser quelques chose par lui-même. Pour mieux comprendre ce désir, il est important de se souvenir que son oncle, Jules Eugène Trochu, avait été gouverneur de Paris et président du conseil des ministres de France, son père, Armand Trochu, avec qui il avait une relation souvent tendue, était l'inspecteur général de l'agriculture et une personnalité de Belle-Ile-en-mer, son grand-père, Jean-Louis Trochu, avait été conseiller général du Morbihan; et d'autres membres éminents de la famille Trochu ont occupé des positions honorables dans la société
bretonne.
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