Rivière
Qui Barre fait partie du groupe de villages francophones établis
juste au nord de St Albert. De nombreux rejetons de la culture
francophone se retrouvèrent dans ces petites localités –
villages, hameaux– de l’Alberta à la fin du XIXe siècle :
Canadiens français du Québec et des Etats-Unis, francophones
belges, Français "de France", tous ensemble colonisèrent la
région.
Les habitants de ce qui est maintenant la réserve Alexander
étaient là les premiers. Puis vinrent les francophones du Québec
dans les années 1880, suivis par les Français du Kansas dont le
premier souci, bien compréhensible, fut, dès leur arrivée, de
creuser des abris contre les tornades. En 1895, la colonie
s’était dotée aussi d’un bureau de poste, d’une église
catholique et d’une église presbytérienne.
A l’époque, la rivière était une voie fluviale qui allait
jusqu’à Fort Assiniboine, mais à cet endroit, elle était peu
profonde. C’est pourquoi les Cris l’appelaient Kepoohtakawa, la
rivière qui bloque le chemin. La rivière ne faisait peut-être
guère preuve d’esprit de coopération, mais le sol était
certainement très productif et à plusieurs égards. En creusant
des puits, les hommes tombèrent sur des gisements de charbon et
entre 1910 et 1913 il y avait là une mine de charbon en pleine
activité. Cela entraîna un léger essor économique et
démographique. En 1911, Rivière Qui Barre comptait 250
habitants. Ceux-ci utilisèrent la mine comme argument dans leur
campagne de propagande pour que la voie de chemin de fer passe
par leur hameau. La ligne de chemin de fer, malheureusement,
passa par Morinville et tous les rêves d’expansion
s’évanouirent.
Durant sa période de prospérité, Rivière Qui Barre servait
d’escale aux prospecteurs en route vers le Klondike : la vieille
route du Klondike passait juste à l’ouest du hameau. Les
chercheurs d’or appréciaient le confort de l’Hôtel Shamrock. Ils
venaient avec un assortiment de connaissances variées et de
débrouillardise. Un Anglais avait envoyé d’Europe par bateau
tout le fourrage dont il avait besoin pour nourrir ses chevaux
au cas où il n’y en aurait pas là. Un autre à qui l’on faisait
remarquer que ses roues de chariot étaient sèches, avait versé
de l’eau dessus au moment de partir.
Rivière qui Barre ne comptait plus que 78 habitants en 2001.
L’église catholique, St Emerence a été déménagée dans un nouvel
édifice en 1968. L’école Camilla, bâtisse légère et bien
éclairée dessert toute la région avoisinante et la réserve
Alexander. Les premiers pionniers reposent dans un petit
cimetière au bord de la route et l’étendue de terre qu’ils
cultivaient est maintenant un pâturage pour le bétail pur sang
et les bisons d’élevage.
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