Si, de nos jours, la francophonie du Sud de l’Alberta se
retrouve surtout dans les grands centres, la présence française
se manifeste dans cette région depuis longtemps. L’industrie du
charbon qui proliférait jadis dans les Rocheuses, à Lethbridge,
autour de Drumheller, et ailleurs dans les campagnes
environnantes, comptait dans sa main d’œuvre beaucoup d’ouvriers
hautement qualifiés venant du Nord de la France et de la
Belgique. La localité de Lille dans le col du Nid-du-Corbeau,
par exemple, à son apogée avait une population de 400 personnes,
dont une grande partie était francophone. Le village fut
abandonné vers 1912 en faveur de charbon de meilleure qualité,
et les travailleurs migrèrent vers d’autres centres comme
Bellevue.
La présence francophone se manifeste aussi sur des ranchs,
quelques propriétaires sont des français comme le comte G.W. de
Roaldes à Millarville. On retrouve aussi des francophones qui
travaillent sur les ranchs. Un bon nombre de colons
canadiens-français s’installent dans la région du triangle de
Palliser, comme à Ouelletteville, mais à cause de l’aridité
interminable de la région, abandonnent leurs fermes en faillite
durant les années trente et sont déplacés au frais du
gouvernement provincial vers des régions plus au Nord et plus
propice à l’agriculture.
Dans les Rocheuses aussi, au début de la période du tourisme
dans la région, on entend aussi la langue française, car
certains des guides suisses sont aussi francophones. De nos
jours, le français s’y entend toujours, dans les parcs nationaux
à cause le la Loi sur les langues officielles, mais la région
est aussi alimenté de Québecois qui recherchent le plein air des
Rocheuses et qui travaillent dans divers métiers, allant de la
restauration à l’alpinisme. On remarquera aussi qu’il y a un bon
nombre de montagnes et lacs qui portent des noms français.
Certains datent des premières explorations. Le Mont Edith
Cavell, renommé lors de la Première Guerre mondiale, a remplacé
le nom que lui attribuaient les « voyageurs canadiens » en route
vers les fourrures du versant ouest et le Pacifique, un terme
perçu comme vieilli de nos jours : la Montagne de la Grande
Traverse. D’autres comme la Roche Miette, d’après un voyageur du
nom, et la rivière Maligne (méchante) sont tout aussi anciens.
Le mont Bourgeau a été nommé en 1860 en honneur du botaniste
Eugène Bourgeau membre d’équipage du voyage d’exploration de
James Palliser. Un grand nombre ont été nommés après la Première
Guerre mondiale en hommage de ses héros, tel le Mont Clémenceau.
Beaucoup d’autres noms viennent directement de la terminologie
propice aux montagnes (cirque, aiguille, arête, etc.)
Calgary a toujours eu une certaine population francophone dès
ses débuts. Elle conserve aujourd’hui une population dynamique
avec une école catholique-francophone, l’École Sainte-Marguerite
Bourgeois, de la maternelle à la 12e année) avec un centre
scolaire communautaire, la Cité des Rocheuses, ainsi qu’un grand
nombre d’écoles qui offrent des programmes d’immersion
française. Canmore a aussi une école catholique-francophone avec
l’École Notre-Dame des Monts qui accepte des étudiants de la
maternelle à la 5e année scolaire, et Cochrane a l’École
Notre-Dame des Vallées, pour les étudiants de la maternelle à al
6e année. À Calgary, la paroisse catholique de la Sainte Famille
est une des plus anciennes de la ville et dessert toujours ses
paroissiens en français.
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