Tandis
que la plupart des premiers Franco-albertains de l’Ouest se
regroupaient dans de grandes communautés, on trouvait aussi une
présence discrète et plus ancienne de francophones parmi les
mineurs et les ouvriers agricoles de Lethbridge et d’autres
localités du sud de l’Alberta. Il y avait aussi une population
de Métis venus depuis longtemps du Manitoba et de la
Saskatchewan. Quand les fermiers canadiens-français de
Saskatchewan se rendirent dans les centres du sud de l’Alberta,
afin de profiter des possibilités d’emploi, la frontière entre
les deux provinces s’estompa.
Dans les années 1860, des chercheurs d’or du Montana affluèrent
sur le territoire des Pieds-Noirs dans le sud de l’Alberta. Ils
arrivèrent dans un pays appelé sik-okotoks, ou "le lieu des
roches noires" ainsi nommé à cause de l’abondance des
affleurements de charbon typiques de la région. Des négociants
en whisky de Fort Whoop-up furent les premiers colons permanents
de la région. C’était des bouilleurs de cru arrivés du Montana
en 1869 pour faire commerce d’une mixture d’alcool éthylique,
d’eau de la rivière, de tabac à priser et de lessive à peau de
bison. Les choses stagnèrent jusqu’à l’arrivée du chemin de fer
en 1885 mais déjà d’importants entrepreneurs avaient un œil sur
la région.
Alexander T. Galt dont le nom est associé à un grand nombre de
projets, attira l’attention de nombreux amis sur les gisements
de charbon de la région. Parmi ceux-ci, il y avait Mr.William
Lethbridge. En 1882, Lethbridge devint le président de la
compagnie nouvellement créée: la North Western Coal and
Navigation Company qui conclut un contrat avec la compagnie du
Canadien Pacifique en vue de livrer le charbon dans des centres
commerciaux (surtout à Medicine Hat) pour servir de combustible
dans les maisons et alimenter les locomotives de train.
L’exploitation minière à grande échelle assura une croissance
rapide dont la communauté profita pendant des années et devint
en dernier ressort la force agissante qui mena à la naissance de
la cité de Lethbridge.
Lethbridge continua de croître grâce en grande partie à l’appui
financier fourni par les mines. Cela n’était pas très facile
d’attirer les gens pour cultiver la terre, car de l’extérieur
Lethbridge avait la réputation d’être aride. Lethbridge est
l’une des villes les plus chaudes du Canada et c’est à grand
renfort d’irrigation que la communauté acquit sa prospérité.
A l’heure actuelle, Lethbridge est l’une des plus grandes villes
de l’Alberta et la population francophone locale issue des
mineurs et journaliers immigrants est toujours active. Des
programmes d’immersion française sont offerts par quelques-unes
de 25 écoles de la ville; de plus il y a l’École La Verendrye
qui prodigue un enseignement tout en français à 100 élèves, de
la maternelle à la 12e année. L’université de Lethbridge offre
des cours de langue et de culture françaises. L’éducation en
français est gérée par le Conseil scolaire catholique et
francophone du Sud de l’Alberta.
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