Les Canadiens Français ont participé dans tous les aspects
des entreprises industrielles en Alberta après leur arrivée au
début du 20ième siècle. Des artisans qualifiés sont alors en
grande demande, surtout des forgerons et des charpentiers, car
tout est à construire. La construction du pont à contre-haut
(High Level) sur la rivière Nord-Saskatchewan attire des
forgerons qui avaient travaillé sur le pont de Québec, mais qui
se retrouvent sans travail après son écrasement dans le fleuve
Saint-Laurent en 1907. Le patriarche de la famille Mailloux de
Saint-Paul travaille à Edmonton avant de s’établir une forge et
ensuite une fonderie dans le village, où l’entreprise familiale
se perpétue. Pareillement, le maître-charpentier Gaudias Tardif,
qui travaillait aussi sur le pont de Québec lors de son
écrasement, est venu en Alberta à la recherche de travail, et où
il a pratiqué sont métier en dirigeant la construction de toutes
sortes de bâtiments dans le Nord-Est de la province.
Les Canadiens français ont trouvé beaucoup de travail dans
les industries forestières, et beaucoup d’entre eux ont exploité
des moulins à scie, car beaucoup d’entre eux s’y connaissaient
fort bien dans le métier dans l’Est. Il était possible d’obtenir
des permis de coupe sur les terres de la Couronne dans la forêt
boréale. Les Franco-Albertains se dirigeaient aussi souvent vers
les grandes scieries de la Colombie Britannique sachant fort
bien qu’ils trouveraient aisément du travail, car leur
savoir-faire dans les environs des scies rondes était bien
connu. Le gouvernement albertain condamna ses centaines de
petites entreprises du genre, dont beaucoup étaient toujours
exploités par des Franco-Albertains lorsque la province céda les
droits aux coupes forestières aux grandes entreprises
multinationales, mettant fin à une industrie pourtant viable. Un
individu pouvait toujours préparer des traverses de chemin de
fer, dont il y en avait tant et tant en construction. Après
avoir abattu les arbres, tout ce qui était nécessaire était une
hache à équarrir et une scie pour couper les tronçons.
Il y avait toujours du travail à la construction des voies
ferrées, et les colons laissaient souvent leur épouse en charge
de leur famille et de leur ferme à peine défrichée pour aller
gagner « en dehors ». Il y avait aussi du travail dans les
équipes de « batteurs », et certains entrepreneurs s’achetaient
une machine à battre et passaient de ferme en ferme. D’autres
avaient de puissants tracteurs pour « casser » les terres,
surtout dans la région de la Rivière la Paix.
Il y avait aussi du travail dans les mines de charbon dans le
sud de la province, et beaucoup de colons ont creusé les
galeries souterraines à la quête d’argent liquide pour faire
vivre leur famille et leurs fermes en temps de crise.
Les Canadiens français ont aussi investi dans l’industrie
pétrolière. Un des notables dans ce domaine a été le Dr. Louis
Beauchemin de Calgary, longuement président de l’Association
canadienne-française de l’Alberta, qui était aussi président de
la compagnie Sun Oil. Après 1949, un grand nombre de jeunes
hommes trouvent du travail sur les tours de sondage partout en
Alberta et à l’étranger. Le bilinguisme de ceux-ci est à leur
avantage et leurs employeurs profitent de leur expertise pour
les envoyer dans les pays francophones, comme en Afrique
Équatoriale Française, en Algérie ou au Maroc. À cause de leur
origine commune, ces jeunes hommes se lient d’amitié et forgent
des liens qui persistent toujours.
Les Franco Albertains travaillent aussi dans les industries
manufacturières. Plusieurs colons en herbe reprennent leur
profession de tailleurs. À Edmonton, s’en est le cas des Frères
La Flèche, une entreprise familiale qui existe toujours.
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