Au début de la colonisation durant la première partie du 20e
siècle, les colons canadiens-français qui furent recrutés par le
clergé étaient fortement encouragés de prendre des terres et de
pratiquer l’agriculture, ce mode de vie étant considéré alors
par le clergé comme non seulement plus salutaire, mais moins
exposé aux effets « néfastes » des grandes villes. À l’époque,
un colon pouvait obtenir une concession de 76 hectares pour 10$.
La plupart des potentiels colons voyaient ceci comme un
investissement ; s’ils pouvaient réussir à développer
suffisamment leur propriété et obtenir le titre de la
concession, ils pourraient la vendre, s’ils trouvaient qu’ils
n’avaient pas le goût pour l’agriculture. Les Canadiens français
ne différaient pas en ceci des autres colons. Et comme la grande
majorité des colons, la plupart d’entre eux ne s’y connaissaient
pas en agriculture et n’ont pas réussi dans leur entreprise.
En dépit des grandes difficultés initiales à surmonter, il y
a tout de même des fermiers qui ont réussi à survivre et à
croître, en dépit des grandes dépressions économiques (1912,
1919, 1929…), du gèle, de la grêle et des sècheresses, et qui
ont transmis leurs entreprises à leurs descendants. Dans
certaines régions, comme dans le Nord-Est de la province, les
fermiers étaient encouragés à faire de la culture mixte, tandis
que directement à l’Est, en Saskatchewan, les fermiers tenaient
de grandes fermes céréalières. Autour d’Edmonton, les fermiers
de Beaumont et de la région de Fort Saskatchewan avaient
tendance à pratiquer une culture maraîchère, fournissant des
fruits et légumes à la ville. L’instauration d’un bon réseau de
voies ferrées permettaient aussi aux fermiers des campagnes de
fournir des produits à la ville, comme le lait, les œufs et la
crème. De cette façon, trois frères francophones, venus de
Jersey, cultivaient des tomates dans leurs serres chauffées au
bois, et fournissaient l’hôtel MacDonald dès les années vingt,
de leur exploitation rurale près d’Ashmont à 200km de la ville.
Dans le Centre et le Sud de la province, l’élevage à grande
échelle était généralisé, ce qui prenait de plus grandes
exploitations pour le pacage, ou l’accès à des pâturages en
commun. Dans la région de la Rivière-la-Paix, les grandes
prairies se prêtaient facilement à de grandes exploitations,
dont beaucoup sont toujours familiales. Le petit village de
Saint-Isidore, fondé durant les années cinquante, a été établit
sur une base de coopératives promu par un mouvement agricole
catholique, et certaines d’entre-elles existent toujours.
Tout comme les autres Albertains, les francophones se sont
aussi joints au mouvement migratoire vers les villes, où les
opportunités de travail fusionnaient. Et partout dans la
province, les fermiers ont aussi été obligés d’investir dans
leur entreprise pour croître ; il en est de même en ce qui
concerne les Franco-Albertains qui sont restés dans
l’agriculture, et tout comme les autres agriculteurs de la
province, leur nombre s’est beaucoup réduit. |