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Les communautés francophones

La relation des Oblats avec la communauté francophone de la future province de l’Alberta commença dès leur arrivée dans le Nord-Ouest canadien en 1845. Puisqu’ils faisaient partie d’une congrégation française, les Oblats étaient pour la plupart francophones, durant leurs premières années passées au Canada, et lorsqu’ils arrivèrent dans le Nord-Ouest, leur ministère s’effectuait auprès d’un grand nombre de Métis, eux aussi francophones. Les colonies d’agriculteurs du père Albert Lacombe à Saint-Albert et à Saint-Paul-des-Métis constituent des exemples de ces tentatives des Oblats d’encourager et de maintenir chez les Métis une identité française et catholique dans l’Ouest.

Il est intéressant de relever que les deux Oblats qui se sont le plus voués à la colonisation française de l’Ouest du Canada étaient originaires du Québec : Albert Lacombe et son supérieur, l’évêque Alexandre Taché. Conscients de la bonne qualité des terres des prairies canadiennes et partisans d’un mode de vie rural, ils pensaient que les Canadiens français devaient venir s’y installer. Ils pensaient également que la présence de Canadiens français aurait une bonne influence sur les Métis et que ces derniers apprendraient d’eux des méthodes agricoles qui leur permettraient de réussir en tant que colons.

L’évêque de Saint-Boniface, Mgr Taché, envisageait pour l’avenir un Ouest francophone, et un « petit Québec » à la Rivière Rouge. Au cours des années 1870, la marée montante des colons protestants anglophones, qui submergeait la colonie métis de l’Ontario tout en reprenant les terres qui avaient été abandonnées par de nombreux Métis, inquiéta le clergé catholique, celui-ci se préoccupant de la survie d’une nation francophone dans l’Ouest. L’évêque du diocèse de Saint-Albert, Mgr Vital Grandin, et son successeur, Mgr Émile Legal, en complet accord avec Taché, vouèrent leurs efforts à la colonisation française de l’Alberta. Mgr Grandin publia des brochures valorisant les avantages de l’Ouest, et il écrivit des lettres à ce propos au clergé de Québec. Les pères Lacombe et Leduc firent de même. Mgr Grandin exigeait que les Oblats consacrent un peu de leur temps à recruter au Québec des colons francophones.

Au cours des années 1890, le gouvernement fédéral favorisait activement l’immigration dans l’Ouest canadien, ses politiques étant en grande partie élaborées par le Ministre de l’Intérieur, Clifford Sifton, opposant du bilinguisme. Ces politiques eurent pour résultat l’arrivée de grandes vagues de colons anglophones venus de Grande-Bretagne et des États-Unis, et de différents groupes ethniques en provenance de régions agraires, la plupart de l’Europe de l’Est. Le milieu francophone des affaires s’impliquait également dans le recrutement de colons et avait conscience des possibilités d’une colonisation francophone à travers tout le Canada, thème également cher au clergé catholique francophone. Ils exercèrent leur influence auprès du Ministre de l’Intérieur du Canada pour en obtenir des fonds destinés à promouvoir la colonisation, et parvinrent à monter plusieurs campagnes et à payer des recruteurs. Les Oblats étaient impliqués dans cette promotion, mais de nombreux prêtres séculiers – que l’on appelle les « prêtres colonisateurs » – l’étaient aussi. Le père Lacombe était l’un des premiers d’entre eux; il fit la promotion de la colonisation du Manitoba au nom de Mgr Taché, puis plus tard travailla conjointement avec le père Adéodat Thérien au développement de Saint-Paul-des-Métis.

En tentant de recruter des colons québécois, le clergé francophone de l’Ouest canadien se heurta à la résistance du clergé et des politiciens qui essayaient de leur côté d’inciter au peuplement du Lac Saint-Jean et des autres régions septentrionales de la province. L’un des problèmes du recrutement dans l’est du Canada était que l’Ouest était très éloigné et que les tarifs pour s’y rendre n’étaient pas préférentiels, contrairement à ceux pratiqués pour les gens venant de l’étranger. Si l’on donnait des incitatifs aux étrangers, on n’en donnait pas aux Canadiens. Pour se rendre dans l’Ouest, le coût à partir de l’Ontario n’était pas si élevé, mais il augmentait à proportion de l’éloignement vers l’est. Il revenait moins cher à un immigrant de voyager de Hambourg à Calgary que de Montréal à Calgary. Les missionnaires avaient également entrepris de nombreuses campagnes de levées de fonds au Québec et avaient mis l’accent sur les rudes conditions climatiques de l’Ouest canadien. D’un autre côté, les villes industrielles toutes proches de la Nouvelle-Angleterre offraient beaucoup d’emplois, et pouvoir obtenir un salaire sans trop s’éloigner de chez soi était une option nettement plus intéressante. Cependant, les recruteurs eurent plus de succès aux États-Unis, en faisant la promotion de la colonisation de l’Ouest canadien auprès des Franco-américains; ceux-ci provenaient en majorité du Québec, mais, ayant un peu d’argent en poche, ils étaient attirés par la perspective d’un retour à la vie rurale tout en ayant la possibilité de bénéficier de tarifs préférentiels pour emporter avec eux leur bétail, leurs outils et leurs effets domestiques.

Le recrutement s’effectuait également en France, en Belgique, en Allemagne et en Suisse, mais la France, qui recherchait elle-même des colons pour ses terres de l’intérieur et pour l’Afrique du Nord, finit par refuser l’accès aux agents canadiens. Les colons vinrent tout de même de France, car l’Ouest canadien leur était bien connu, par l’intermédiaire des publications des Oblats et par le bouche à oreille, grâce aux religieux de l’endroit, hommes et femmes, qui avaient servi dans les missions étrangères du Nord-Ouest canadien. Par exemple, le père oblat Alphonse Le Marchand, originaire de la région du Mans, en France, écrivit à son neveu René, qui vivait à Paris, pour lui suggérer qu’Edmonton serait un bon endroit pour se lancer en affaires. Et, effectivement, son neveu connut une réussite certaine en tirant profit du boom économique d’Edmonton dans les premières années du XXe siècle, et il construisit le manoir Le Marchand en 1909; cette luxueuse résidence, construite sur le modèle des appartements parisiens, témoigne encore aujourd’hui de sa perspicacité en affaires. Des colons francophones vinrent également d’Alsace et de Lorraine, qui étaient des possessions allemandes. La promulgation en France de la Loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 et la proscription des écoles catholiques incitèrent non seulement des enseignants à rechercher du travail à l’étranger, mais également de nombreux réfractaires à cette loi, qui choisirent eux aussi de quitter la France à ce moment. Nombre d’entre eux se rendirent dans l’Ouest canadien pour y prendre une concession. Ils furent accueillis par les Oblats et dirigés vers les communautés françaises où ils trouveraient une place où s’installer. La plupart d’entre eux n’étaient pas des fermiers, et avaient un haut niveau d’instruction; ils avaient tendance à rester dans les centres urbains où ils tentaient soit d’exercer leur métier, soit de se lancer dans le commerce.

Mgr Legal accueillit également des prêtres n’appartenant à aucune congrégation dans son diocèse, car les Oblats étaient censés ouvrir des missions, et non se faire prêtres de paroisses. Plusieurs de ces prêtres diocésains étaient des « prêtres colonisateurs ». L’abbé Jean-Baptiste Ouellette, qui avait contribué à la valorisation de la colonie de Saint-Paul-des-Métis ainsi que du Triangle Palliser, était prêtre diocésain. Le révérend François Bonny, aventurier américain qui s’était converti au catholicisme en Afrique du Nord et qui avait rejoint l’association française des Missionnaires d’Afrique (les « Pères blancs ») vint dans l’Ouest canadien pour des raisons de santé. Bonnyville lui doit son nom, ce prêtre diocésain ayant publié un certain nombre d’articles destinés à promouvoir la colonisation.

La colonie du « Alberta-Nord », ainsi qu’on l’appelait, couvrait la plus grande partie du nord-est de la province du nord de la rivière Saskatchewan Nord aux confins de Lac La Biche et du lac Froid. Dans cette région du nord-est de l’Alberta, la colonie de Saint-Paul fut fondée à Saint-Paul-des-Métis par le père Lacombe en 1896, mais la colonie fut fermée, puis rouverte aux colons en 1909, pour finir par devenir un important centre français. À l’inverse, la colonie de Vegreville (ainsi nommée en l’honneur du père Valentin Végréville, patriarche des Oblats à l’époque), que l’on pensait pouvoir devenir un important centre francophone, car quelques colons franco-américains, certains venant du Kansas, y avaient pris des concessions, ne se développa pas comme village francophone tel que prévu puisque trop peu de colons francophones vinrent, et les terres des environs furent rapidement prises en concession par les colons ukrainiens. Mais vers le nord, les localités de Brosseau, Duvernay, Foisey, Lafond, Saint-Edouard, Saint-Vincent, Thérien, Bordenave, Mallaig, Sainte-Lina, Bonnyville, Fort Kent, La Corey, Cold Lake, Grandin, Gourin, Plamondon et Lac La Biche, entre autres, furent colonisées en grande partie par des francophones.

Au nord-ouest de l’Alberta, la rivière La Paix constituait une autre zone de peuplement francophone. La colonie la plus importante dans cette région était celle de Falher, du nom du père oblat Constant Fahler qui avait contribué à peupler cette région conjointement avec le père Jean-Baptiste Giroux; parmi les autres colonies se trouvaient Guy, Marie-Reine, Girouxville, Jean-Côté, Donnelly et McLennan. Saint-Isidore est une exception et ne date que du début des années 1950.

Le plus important des prêtres colonisateurs du diocèse de Saint-Albert fut sans doute l’abbé Jean-Baptiste Morin, prêtre séculier originaire de Montréal, qui travailla à attirer des immigrants du Québec, mais encore davantage des États-Unis, en Alberta. L’abbé Morin amenait des colons – on dit que les Franco-américains représentaient 80% des communautés de la région d’Edmonton et des alentours – à Morinville, Legal, Saint-Albert, Lamoureux, Fort Saskatchewan, Stony Plain, Winterburn, Beaumont, Villeneuve et Rivière-qui-Barre, entre autres.

Les francophones qui arrivaient en Alberta choisissaient parfois de s’installer dans d’autres régions, car tous n’étaient pas intéressés par l’ensemble des concessions se trouvant à proximité ou au nord d’Edmonton. Toute une colonie française s’étendait dans la région fertile allant de Red Deer jusqu’à la frontière de la Saskatchewan et se répartissait dans des communautés telles que celles d’Olds, Red Deer, Stettler, Wainwright et Castor. L’abbé Jean Gaire, prêtre séculier français, y était pour beaucoup : il avait déjà fait venir un grand nombre de colons en provenance de France, surtout de Bretagne et de Belgique, au Manitoba et en Saskatchewan. Il n’y avait pas suffisamment de pères oblats pour s’occuper de toutes ces nouvelles colonies, aussi l’évêque Legal fut-il heureux de pouvoir y diriger l’ordre enseignant français des pères de Sainte-Marie de Tinchebray qui, venant de Normandie, s’étaient installés à Trochu en 1904. Ils restèrent là vingt ans, contribuant à développer les paroisses et à desservir les camps de mineurs de charbon de Coal Valley (Lovett) et de Nordegg, au pied des montagnes Rocheuses, et les paroisses agricoles à travers tout le centre de l’Alberta jusqu’à la limite de la Saskatchewan, avant de recevoir l’ordre de leur évêque de se regrouper en tant que congrégation et de vivre en communauté. Au lieu de l’obéir, le groupe déménagèa en entier à Tisdale, en Saskatchewan, où ils furent accueillis dans les paroisses du diocèse de Prince Albert. L’élevage attirait également les colons les plus entreprenants, aussi de nombreux colons français s’installèrent-ils à Big Valley, Trochu et sur des ranches situés à l’ouest de Calgary.

Plusieurs autres lieux d’établissement furent moins favorisés par le sort, comme ceux du Triangle de Palliser, à Gleichen, Ouelletteville, Cluny et d’autres petites localités disparues depuis, où de nombreux colons, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de francophones, décidèrent de partir vers le nord dans des wagons de marchandises, voyage aux frais du gouvernement albertain, avec tous leurs effets personnels durant les sécheresses des « Dirty Thirties » (les « sales années 30 »). Dans ces régions, telles que Gleichen et Cluny, les missionnaires oblats affectés dans les missions avoisinant les grandes réserves autochtones tentèrent de répondre aux besoins des catholiques, dont un grand nombre étaient des francophones qui avaient été installés là par le père Ouellette, celui-ci ayant travaillé pour la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique en tant qu’agent recruteur.

Le sud de l’Alberta vit également naître des colonies francophones. Au départ, Calgary comptait une importante population de Métis francophones, de travailleurs du chemin de fer Canadien Pacifique venus du Québec, ainsi que des entrepreneurs et des gens exerçant divers métiers. À Fort Calgary se trouvait également une importante mission oblate, Notre-Dame-des-Prairies, au confluent des rivières Bow et Elbow; celle-ci n’était au départ qu’un petit lieu de résidence établi en 1875 par le frère oblat Léon Doucet. Elle prit plus tard le nom de la mission qui l’avait précédée en 1872, à 40 kilomètres en amont sur la rivière Bow, Notre-Dame-de-la-Paix. Bien que la population francophone de Calgary ait été submergée par l’afflux des immigrants anglophones au cours des années 1880, le district de la mission, qui consistait en deux quarts de sections dont la concession avait été prise par le père Lacombe et le père Hyppolite Leduc, finit par prendre le nom de Rouleauville, en l’honneur du juge de paix Charles Rouleau et de son frère, le docteur Édouard Rouleau. Ce district fut annexé par la ville de Calgary en 1907. Il y avait également une colonie francophone à Crowsnest Pass; la compagnie minière française, Western Canadian Collieries Ltd, fonda les colonies minières de Lille et de Bellevue, qui comptaient un grand nombre de mineurs venus du nord de la France et de Belgique. À l’instar de ce qui se passait dans d’autres communautés minières, telles que Nordegg ou Coal Valley (Lovett), les mineurs engagés étaient des Français ou des Belges. Les missionnaires oblats desservaient également ces camps, dans des conditions parfois très difficiles.

La population catholique francophone de l’Alberta devint bientôt une communauté minoritaire, dont les droits linguistiques étaient contestés. Au cours des années 1890, le Conseil des Territoires du Nord-Ouest abolit l’usage du français à l’assemblée territoriale, dans les tribunaux et dans les écoles. Peu après, l’anglais était devenu l’unique langue d’enseignement dans les écoles catholiques, à l’exception des premières années d’enseignement primaire, où le français pouvait être utilisé à condition que les élèves ne comprennent aucune autre langue. La population française obtint certaines concessions de la part du gouvernement au cours des années suivantes et, en 1926, les programmes d’enseignement furent modifiés dans le but d’y inclure quelques travaux scolaires en français, concessions qui furent également accordées à d’autres groupes ethniques.

La colonisation francophone de l’Ouest s’interrompit avec la Première Guerre mondiale, tout comme l’immigration au Canada en général, bien qu’elle reprît un peu après la guerre. Dans les régions rurales, l’église et les activités paroissiales constituaient le point de ralliement des petites communautés francophones, ce qui était également le cas pour la plupart des groupes ethniques. Dans les communautés plus étendues et dans les villes, les Oblats continuaient de promouvoir l’usage du français et de la culture française à travers les institutions, les associations et les publications religieuses ou charitables. Les Oblats jouèrent un rôle important dans le développement de la communauté française, notamment en créant le Juniorat Saint-Jean, qui était au départ une école de garçons destinée à former des missionnaires oblats; il devint plus tard le Collège Saint-Jean, s’adressant aux francophones. Les Oblats continuèrent de promouvoir les associations et les institutions protectrices de la culture et de la langue françaises, comme l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA) et l’hebdomadaire La Survivance.

Cependant, l’Alberta s’anglicisant de plus en plus, il s’ensuivit l’anglicisation du clergé catholique. Les Oblats avaient accompli un grand travail dans le développement des infrastructures religieuses de Calgary, et Mgr Legal avait recruté des congrégations religieuses féminines au moment où la ville était en pleine expansion, mais, avec la nomination de l’évêque John McNally au diocèse de Calgary en 1912, les Oblats remirent leurs travaux aux mains du clergé séculier, qui était anglophone. On dissuadait les religieux francophones de s’implanter dans la ville, au profit des ordres anglophones. À l’archevêché d’Edmonton, un évêque anglophone, Henry John O’Leary, succéda à Émile Legal lorsque ce dernier décéda en 1920. O’Leary était bilingue et recherchait des prêtres francophones, mais il lui fallait les faire venir dans son diocèse, car le séminaire qu’il avait fondé était exclusivement anglophone.

Après la Seconde Guerre mondiale, avec la croissance des services sociaux publics, les dispensaires, les hôpitaux et les orphelinats religieux gérés par des fonds privés furent de plus en plus remis au secteur laïc. Les écoles privées telles que le Collège Saint-Jean pour garçons, qui comblait la brèche causée par la fermeture du Collège des Jésuites en 1942, et l’Académie de l’Assomption, école de filles, étaient moins nécessaires en raison du transport par autobus qui desservait à présent les régions rurale, et du secteur laïc, qui fournissait davantage d’enseignants. Le déclin des vocations religieuses réduisit également le nombre des missionnaires oblats et du clergé catholique francophone. L’urbanisation croissante coïncide également avec le déclin de l’Église, dont le rôle est de moins en moins prédominant dans la vie des francophones de l’Alberta.

Références

Carrière, Gaston, « Léon Doucet », Dictionnaire biographique des Oblats de Marie-Immaculée au Canada, Tome 1. Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977.

Kermoal, Nathalie, Alberta’s Francophones. Edmonton, Les Éditions GID, 2005.

Smith, Donald B., « Les francophones de l’Alberta : aperçu historique ». Dans Nathalie
Kermoal (dir.), Variations sur un thème. La Francophonie Albertaine dans tous ses états, Edmonton, Salon d’histoire de la francophonie albertaine, 2003.

Trottier, Sœur Alice, « Les Oblats et la colonisation en Alberta ». Western Oblates Studies 4/ Études oblates de l’Ouest 4 : Actes du quatrième colloque sur l’histoire des Oblats dans l’Ouest et le Nord Canadien, Raymond Huel (dir.), Faculté Saint-Jean, Edmonton, 25-26 août/August 1995. Edmonton, Western Canadian Publishers, 1996.

Sites Internet

Alberta Online Encyclopedia - http://www.albertasource.ca/

Alberta’s Francophone Heritage - http://www.abheritage.ca/francophone

St. Vincent and St. Paul: Francophone Memory in Alberta - http://www.abheritage.ca/stvincent-stpaul

Francophone Edmonton Online - http://www.abheritage.ca/francoedmonton

When Coal Was King -  Bellevue http://www.coalking.ca/people/boom_bellevue.html; http://www.coalking.ca/people/ghost_lille.html
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