Les oblats dans l'ouest après 1867
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Le movement vers l’Ouest
Après la Confédération, le rôle des Oblats dans les Territoires du Nord-Ouest évolue. Le passage de Acte de l’Amérique du Nord britannique donne au gouvernement fédéral l’autorité et la responsabilité envers les Premières Nations et leurs terres. De plus, le passage de l’Acte de la Terre de Rupert de 1868 anticipe le transfère de la Terre de Rupert de la Compagnie de la Baie d’Hudson au Canada, qui a lieu en 1870, et qui donne au gouvernement fédéral le contrôle des Territoires du Nord-Ouest. Mais les évènements se succèdent avec le gouvernement provisoire et l’insurrection à la Rivière-Rouge en 1870, la tourmente de 1885, onze traités avec les Premières Nations et la croissance de la colonisation agricole; au travers de tout ceci, les Oblats modifient leur ministère.
Le transfère de la Terre de Rupert et du Territoire du Nord-Ouest est mal géré par le gouvernement fédéral du Canada, qui néglige d’aviser adéquatement les résidents métis de la colonie de la Rivière-Rouge (et du Nord-Ouest). Les missionnaires oblats s’en rendent compte et s’inquiétant pour ses ouailles, Mgr Alexandre Taché s’arrête à Ottawa en se rendant à Rome pour aviser les politiciens des potentiels problèmes à cause de ce transfère. Les politiciens à Ottawa ne le prennent pas au sérieux, maais lorsque les troubles se manifestent, ils font des pieds et des mains pour que Mgr Taché revienne de Rome au plus vite pour les aider à calmer les Métis. On promet à Mgr Taché que les souhaits des Métis seront respectés, et une délégation de la Rivière-Rouge est reçue à Ottawa. Les négociations qui ont lieu mènent à la création de la province « timbre-poste » du Manitoba. Mgr Taché se sentira trahi dans l’affaire, puisque toutes les demandes du gouvernement provisoire ne seront pas respectées.
Les Oblats viennent à prendre souvent le rôle d’interprètes et de médiateurs chez les autochtones et les métis. Après la Confédération canadienne de 1867, le gouvernement fédéral signe des traités avec les Premières Nations et leur assigne des réservations. Entre 1871 et 1877, sept traités sont signées avec les chefs de Premières Nations du Nord de l’Ontario et, à l’ouest, jusqu’en ce qui est aujourd’hui l’Alberta. Les Oblats sont souvent les témoins et les interprètes pour la signature de ces traités, comme le père Albert Lacombe qui à cause de son prestige est présent à plusieurs de ces traités, incluant le Traité 8 en 1899. Ce dernier traité comprend un vaste territoire comprenant des portions du nord des provinces de la Colombie Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan et du sud des présents Territoires du Nord-Ouest. Le gouvernement fédéral dépend des Oblats pour convaincre les Autochtones d’accepter les conditions du Traité 8.
Après 1870, suite aux évènements politiques en France, les sources de financement traditionnelles des Oblats se tarissent. Si, auparavant, les Oblats dépendaient sur des mécènes ou sur des organisations caritatives comme la Propagande de la Foi pour financer le principal de leurs missions, ils font alors face à une crise financière. C’est ainsi que les projets d’écoles résidentielles financées par le gouvernement fédéral permettent aux Oblats de continuer leur travail d’apostolat tout en devenant les éducateurs des enfants autochtones.
Le système des réservations qui se développe avec la signature des traités, en plus de la disparition des hardes de bison, change pour toujours le mode de vie des autochtones, particulièrement en ce qui concerne le nomadisme traditionnel des tribus des Plaines. D’après le point de vue des Oblats, ceci était une bonne affaire puisqu’ils croyaient que s’était par le sédentarisme qu’il serait possible de « civiliser » les indigènes. La disparition des hardes de bison permet aux missionnaires oblats de mieux s’approcher des Pieds Noirs, farouches et féroces lorsqu’ils vivaient du bison, mais démunis et affamés après son quasi anéantissement. Les Oblats établissent des missions sur les réserves, et offrent de l’aide spirituelle et ce qu’ils peuvent dans le domaine matériel. Ils augmentent leurs efforts pour éduquer les enfants autochtones; ils enseignent l’agriculture et des métiers aux garçons et les arts domestiques pour les filles, en plus bien sur de leur apprendre à lire, écrire et à compter. Les Oblats croyaient que pour s’adapter au mode de vie agraire européen, les jeunes autochtones avaient besoin d’apprendre ce genre de choses, non seulement pour survivre, mais aussi pour devenir de meilleurs catholiques.
Les Métis aussi souffraient sous le nouveau régime imposé par le gouvernement fédéral dans les Territoires du Nord-Ouest. Les arpenteurs du Ministère de l’Intérieur qui, en 1869, s’était mis à l’œuvre en arpentant les terres en se basant sur un système carré, ignorant les colonies installées en rang, d’après le système traditionnel de rangs de la vallée du Saint-Laurent. Cette insouciance raciste des arpenteurs et des agents du Ministère de l’Intérieur qui ne respecte pas le mode de vie traditionnelle des Métis a un rôle déclencheur dans la création d’un gouvernement provisoire en 1869-70 et 1885. Dans les conflits, les missionnaires oblats font leur possible pour rester neutre, tout en s’efforçant de maintenir la paix. Le père Albert Lacombe, par exemple, joue un rôle clé chez les Pieds Noirs lorsqu’ils se soulèvent contre la construction d’un chemin de fer au travers de leur réserve. En 1885, Mgr Vital Grandin et le père Joseph Lestanc calment les métis et les autochtones dans la région de Saint-Albert, pendant que le père Constantin Scollen apaise les Cris à Hobbema. Deux Oblats, les pères Léon Fafard et Félix Marchand, sont tués durant l’insurrection et quelques autres missionnaires sont fait prisonniers par les Métis pendant un certain temps. Sept missions oblates sont détruites ou endommagées, certaines d’entre elles sont pillées par les soldats canadiens. Après la tourmente, les Oblats veillent sur les condamnés et les prisonniers politiques, demandant l’amnistie pour eux. Mgr Grandin, évêque de Saint-Albert, fait la tournée de ses missions, visitant personnellement les plus affligés par la tourmente.
En plus du rôle des Oblats comme médiateurs entre les peuples autochtones, les métis et le gouvernement fédéral, et leur implication dans l’éducation des autochtones, ils s’occupent de plus en plus des colons qui viennent s’installer sur les terres de l’Ouest. Depuis le transfère de la Terre de Rupert à la Puissance du Canada en 1870, le gouvernement fédéral fait la promotion des terres de l’Ouest pour la colonisation. Pendant un certain temps, lors de leurs débuts dans le Nord-Ouest, les Oblats avaient concentrés leurs efforts d’évangélisation sur les métis et les autochtones, mais vers 1890, ceux-ci étaient devenus minoritaires devant la grande vague de colons qui arrivent, et les Oblats doivent se charger des colons catholiques.
La plupart des Oblats sont francophones, et tout naturellement ils fondent des missions dans les colonies francophones qui s’établissent ici et là dans l’Ouest. Certains Oblats, comme le père Albert Lacombe, recrutent des colons de villes franco-américaines et du Québec (et en ailleurs). Mais l’arrivée incessante de colons d’Europe, des allemands, polonais, ukrainiens et d’autres groupes ethniques catholiques, oblige les missionnaires à desservir ces nouveaux arrivants dans leurs langues d’origines. C’est ainsi qu’ils recrutent dans leur congrégation à l’étranger des Oblats polonais, et de d’autres origines pour venir les aider. Certains Oblats qui sont déjà dans l’Ouest étudient et apprennent des langues étrangères pour mieux pratiquer leur apostolat dans les nouvelles paroisses qui sont fondées par les colons.
Vers la fin du 19e siècle, il était évident que le rôle des Oblats dans l’Ouest avait changé. Les missionnaires oeuvraient de plus en plus dans les nouvelles colonies qui s’établissaient sur les Plaines de l’Ouest, tandis que leurs missions chez les autochtones commençaient à leur sembler moins réussies; même si un grand nombre d’indigènes s’étaient convertis au catholicisme, ils n’étaient pas tous aussi dévoués à la vie chrétienne que le souhaitaient les Oblats. De plus, quoique des conflits et l’indigence avait attiré certains indigènes aux missions par besoin, d’autres deviennent de plus en plus hostiles aux missionnaires oblats et retournent à leurs croyances traditionnelles.
Références biblographiques
Champagne, Joseph-Étienne, o.m.i., Les Missions Catholiques dans l’Ouest Canadien (1818-1875), Vol. 1., Ottawa, Éditions des Études Oblates, Scolasticat Saint-Joseph, 1949.
Grant, John Webster, Moon of Wintertime: Missionaries and the Indians of Canada in Encounter since 1534, Toronto, University of Toronto Press, 1984.
Levasseur, Donat, o.m.i., Les Oblats de Marie Immaculée dans l’Ouest et le Nord du Canada, 1845-196, University of Alberta Press and Western Canadian Publishers, 1995.
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