Lac Sainte-Anne / Saint-Albert
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La congrégation en Alberta
La première mission catholique permanente en Alberta est fondée au lac Sainte-Anne. Le missionnaire séculier M. Jean-Baptiste Thibault se rend au lac en 1842, que l’on nomme alors dans la langue crise, « Manito Sakahigan », c’est-à-dire le lac de l’Esprit, mais qui est généralement traduit par les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson comme le « lac du Diable ». L’année suivante, lorsque Thibault décide d’établir une mission à cet endroit où habite un grand nombre de familles métisses, il choisit de renommer le lac et la nouvelle mission en honneur de sa patronne, Sainte Anne, la mère de la Vierge-Marie. En 1844, le prêtre séculier M. Joseph Bourrassa rejoint Thibault à la mission.
Le premier missionnaire oblat à la mission Sainte-Anne est le père Albert Lacombe qui arrive en 1852 pour remplacer M. Thibault qui est épuisé. Lacombe n’a pas encore complété son noviciat pour devenir Oblat. L’année suivante, M. Bourassa retourne aussi à Saint-Boniface, laissant le père Lacombe en charge. Le jeune père oblat René Rémas rejoint Lacombe au lac Sainte-Anne, où il doit aider son confrère à compléter ses études. Lacombe ne fera ses vœux perpétuels comme Oblat qu’en 1856.
Durant ces premières années, les missionnaires de la mission Sainte-Anne desservent la grande région entre les Montagnes Rocheuses, le fort Jasper, le Petit lac des Esclaves et le lac la Biche, ainsi que le Fort Edmonton. Trois Sœurs Grises (les Sœurs de la Charité de Montréal) arrivent au lac Ste-Anne en 1850 pour aider les missionnaires, mais suite à l’établissement de la mission Saint-Albert, elles quittent le lac pour le nouvel emplacement.
On attribue la décision de fonder la nouvelle mission de Saint-Albert au père Lacombe, qui trouve que la mission Sainte-Anne est trop éloignée du fort Edmonton (connu par les Oblats comme le fort des Prairies) qui gagne en importance, en plus que les récoltes réussissent mal au lac, à cause de gelées précoces dans cette région marécageuse et boisée. Le premier janvier de 1861, en revenant de la mission du lac Sainte-Anne, à une douzaine de kilomètres au nord du fort Edmonton le père Lacombe et Mgr Alexandre Taché s’arrêtent sur une haute colline qui surplombe la rivière Esturgeon. L’évêque approuve la suggestion de son collègue que l’emplacement serait propice pour l’établissement d’une nouvelle mission et plante son bâton de marche à l’endroit qu’il nomme en honneur du saint patron du père Lacombe.
Au cours de l’année, le père Lacombe fait construire une résidence et la construction d’une petite église est commencée. Les Sœurs de la Charité déménagent du lac Sainte-Anne en 1863, et lorsqu’elles peuvent aménager dans leur couvent au mois de septembre 1864, l’Asile d’Youville, elles établissent une école, prennant à leur charge des orphelins et quelques invalides; elles donnent des soins de santé aux gens des environs, et leur couvent fait office du premier hôpital de la grande région.
Les Métis se rapprochent de la nouvelle mission, et prennent des lots qui sont mesurés par le père Lacombe, en rang, le long de la rivière Esturgeon et dans les environs. Vers 1864, une quarantaine de familles sont établies autour de la mission Saint-Albert et elles commencent à pratiquer un peu d’agriculture et d’élevage, tout en continuant leur mode de vie nomade puisqu’ils dépendent toujours du bison pour survivre. Souvent la nouvelle communauté est silencieuse et presque abandonnée, tous étant à la prairie pour s’adonner à la chasse des hardes de bison. Il arrive qu’ils soient accompagnés par un missionnaire.
En 1865, les pères Jean Tissot et Alexis André se chargent de la mission lorsque le père Lacombe se rend établir la mission de Saint-Paul-des-Cris sur la rivière Saskatchewan. Ils sont remplacés en 1868, par le père Hippolyte Leduc, qui reçoit la nouvelle que la mission de Saint-Albert va devenir la résidence de Mgr Vital Grandin qui a été nommé vicaire apostolique du Vicariat de Saint-Albert. Sa cathédrale est l’église en rondins qui a été construite par le père Lacombe, et qui, de nos jours, est un lieu historique, entretenu par la province de l’Alberta. L’évêché qui est construit pour Mgr Grandin et cèdé au Sœurs Grises pour leur hospice à cause de leurs besoins toujours en augmentation pour l’école, les soins de santé, des orphelines et des invalides. La cathédrale en rondins est remplacée par une cathédrale en bois scié, recouverte d’un lambrissage, en 1870; elle est détruite lors d’un incendie en 1917.
C’est dans ce foisonnement d’activités et de construction que l’épidémie de la variole frappe le Nord-Ouest en 1870. La mission de Saint-Albert a alors une population d’environ 700 personnes; presque la moitié d’entre elles trouveront la mort. L’hospice des sœurs de la Charité est véritablement transformé en hôpital et la communauté entière est sous le choc. D’autres maladies, comme la coqueluche, la fièvre scarlatine et la fièvre typhoïde, éclatent de temps à autres et causent des malheurs, mais l’épidémie de 1870 est la pire, et « l’année de la picotte » persistera longtemps dans la mémoire des gens du Nord-Ouest.
En 1874, une école pour les garçons est commencée, un nouveau palais épiscopal est construit en 1879, ainsi qu’un nouveau couvent pour les Sœurs en 1882. Les Sœurs ouvrent un pensionnat indien en 1895, qui est subventionné par le Gouvernement canadien. En 1900, Mgr Legal ayant succédé à Mgr Grandin, les Oblats commencent la construction d’une nouvelle cathédrale en 1902, mais la Mission est aux prises de difficultés financières, et le travail cesse. Ils recouvrent le sous-sol d’un toit, et cela devient la cathédrale.
Tandis que la Mission est en croissance, le potentiel en agriculture de la colonie de Saint-Albert se développe. Déjà, vers la fin de la décennie 1870, des colons commencent à s’installer, dont les premiers viennent du Québec. Un nouveau moulin à broyer le grain est construit en 1878 pour accommoder la colonie. L’ère de la colonisation était arrivée, et ceci allait changer le rapport de la Mission avec les colons de Saint-Albert. En 1885 et 1904, Saint-Albert voit une croissance de sa population; les bonnes terres de la région sont prises, surtout par des Canadiens français. Des nouvelles colonies se créent plus au nord de Saint-Albert. Tranquillement, un centre-ville s’était créé, et la colonie devient un village incorporé en 1904. Les Oblats se retirent tranquillement des affaires temporelles, au niveau commercial et politique, se concentrant sur les besoins spirituels de leurs ouailles.
La ville de Saint-Albert a conservée beaucoup de son patrimoine oblat. La chapelle construite par le père Lacombe en 1861 est un lieu historique de la province de l’Alberta, et le plus ancien bâtiment de la province. L’ancien palais épiscopal de Mgr Grandin a aussi été conservé. En plus, Saint-Albert a le Centre Vital-Grandin qui fait résidence, musée et lieu de pèlerinage. Les dépouilles mortelles du père Lacombe, du père Leduc et de Mgr Grandin sont enchâssées dans un petite chapelle ardente rattachée à l’église de Saint-Albert, tandis que dans le cimetière reposent un grand nombre d’Oblats, des Sœurs Grises et des paroissiens autochtones, métis et autres.
Références bibliographiques:
Borgstede, Arlene (Ed.) The Black Robe’s Vision: A History of St. Albert and District, Vol. 1.St. Albert, Alberta: St. Albert Historical Society, 1985.
Castonguay, Thérèse, s.g.m., A Leap in Faith, The Grey Nuns Ministries in Western and Northern Canada, vol. 1, 1999, The Grey Nuns of Alberta, Edmonton
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Heritage Community Foundation. “St. Albert.” Methodist Missionaries in Alberta: Missions and Related Sites. Retrieved April 29, 2009 from http://www.albertasource.ca/Methodist/The_Missions/St_Albert.htm
La Mission de Saint-Albert, 1871-1912, Imprimerie La Survivance Ltée. Edmonton, Alta., s.d.
Légal, Emile J. OMI. “Short Sketches of the History of the Catholic Churches and Missions in Central Alberta.” 1914.
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