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Western Oblate Studies 1

>Western Oblate Studies 1Les Oblats et la Colonisation en Alberta

Soeur Alice Trottier, f.j.
Professeur
Collège Newman, Edmonton

 

 

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Pour le diocèse de Saint-Albert, Mgr Grandin et, après lui, Mgr Legal adhéraient à un type de peuplement qui tendait à la création de blocs. Pour ces établissements de regroupement, on prit maintes fois comme point de départ certaines collectivités métisses déjà existantes. Saint-Paul-des-Métis en est un exemple. Mgr Legal préférait le regroupement des colons francophones dans le nord de 1 Alberta plutôt que dans le sud. C'est qu'il avait eu toutes sortes de tracas liés au sud de la province et il en fut libéré seulement par la création du diocèse de Calgary en 1912. C'était donc vers le nord qu'était le principal pôle d'attraction pour les colons francophones.

Le 22 novembre 1889, l'évêque de Saint-Albert avait adressé à tous les évêques du Québec une circulaire dans laquelle il exposait la situation intolérable faite aux catholiques du Nord-Ouest, tant par le département des Affaires indiennes à Ottawa que par le conseil de l'Instruction publique de Régina. En effet, en 1889, la législature de Régina avait sollicité du parlement canadien le pouvoir d'abolir le français dans tous les territories du Nord-Ouest sous les prétextes les plus futiles. «En somme, on désirait des citoyens fabriqués en série, sur un modèle unique et économique, 'Made in England'»6. Dans cette circulaire, Mgr Grandin indiquait un remède qui lui paraissait efficace, c'est-à-dire rétablir l'équilibre par une forte immigration catholique afin de contrecarrer l’immigration massive d'étrangers de toutes nationalités qui s'emparaient des terres souvent laissées par les Métis pour le prix «d'un cheval attelé». C'est pourquoi Mgr Grandin écrivait à ses missionnaires:

Bien que beaucoup plus nombreux qu'autrefois, nous ne sommes plus la majorité et à moins qu'un courant d'émigration catholique ne se dirige dans notre Nord-Ouest, nous ne formerons plus qu'un point presque imperceptible qu'on s'efforcera, qu'on s'efforce déjà, d'effacer et de faire disparaître tout à fait7.

Le coulage du capital humain vers les États-Unis, Mgr Grandin voulait le canaliser vers l’Ouest canadien où les colons avaient des chances de s'établir. C'est pourquoi il s'adressait aux évêques du Québec afin que ceux-ci lui accordent «les miettes de leur table»8, c'est-à-dire encouragent ceux de leurs fidèles à se diriger vers l'Ouest plutôt que vers les États-Unis. L'appel de l'évêque du Nord-Ouest ne produisit qu'un faible remous: les catholiques du Québec et l'épiscopat avaient peur de s'affaiblir numériquement en acceptant l'invitation de Mgr Grandin. Il faudra attendre jusqu'en 1891 pour voir aniver en Alberta les premiers contingents organisés de colons catholiques.

Le 14 septembre 1890, Mgr Grandin s'adresse de nouveau aux Oblats de son diocèse pour leur faire part de son projet:

Aujourd'hui nous [le père Lacombe et lui] travaillons surtout pour trouver un prêtre qualifié, qui consente à se sacrifier, au moins pendant quelque temps, pour diriger de nos côtés quelques-uns des trop nombreux Canadiens de la Province de Québec, qui veulent passer aux États-Unis. Jusqu'à présent nous n'avons pas lieu de nous féliciter de nos efforts9.

Les missionnaires oblats, en général, ne pouvaient se permettre de négliger leurs rnissions indiennes et métisses pour s'occuper de la colonisation. Cependant, devant leurs déboires avec celtains abbés colonisateurs, les évêques de Saint-Albert auraient préféré un des leurs pour remplir cette tâche délicate et difficile.

Finalement, Mgr Grandin réussit à s'adjoindre cet excellent prêtre du diocèse de Montréal, l'abbé Jean-Baptiste Morin, qui allait consacrer neuf années de sa vie à l'oeuvre de la colonisation, plus précisément au rapatriement des Québécois et à l'immigration dans l'Ouest. L'abbé Morin et ceux qui lui ont succédé ont véritablement «fait la chasse» aux colons canadiensfrançais dans l'est du pays et aux États-Unis.

L'abbé Morin est considéré comme le premier rnissionnaire-colonisateur qui fit sérieusement de la colonization dans l'Alberta, à titre d'agent officiel nommé par le gouvernement fédéral, sur les instances de Mgr Grandin et du père Lacombe. Reconnu par le département de l'Intérieur comme le plus influent des colonisateurs auprès de ses compatriotes, il rendit un service incommensurable à cette oeuvre essentielle.10

Il fut le digne émule du curé Labelle, sur un champ d'action différent, il est vrai mais animé du même souffle d'enthousiasme, doué lui aussi d'une ard;ur généreuse et pénétré de la même ambition de développer le patrimoine des Canadiens français afin de les préserver d'une menaçante assnrulation.

Jean-Baptiste Morin est né à Saint-Paul de Joliette, dans le diocèse de Montréal, le 13 mars 1852. Issu d'une famille terrienne, il accéda au sacerdoce par les seules forces d'une volonté ~enace qui devait vaincre tous les obstacles. Il fut ordonné prêtre par Mgr Edouard-Charles Fabre, le 10 août 1884; il avait 32 ans. En 1890, il était vicaire à la paroisse Saint-JeanBaptiste de Montréal quand Mgr Vital Grandin le persuada d'oeuvrer dans son diocèse, à titre de missionnaire-colonisateur chargé de recruter des colons canadiens-français dans l'est du pays et en Nouvelle-Angleterre. L'Ouest canadien, région très fertile au sol vierge, n'attendait alors que des bras vigoureux pour l'ouvrir.

L'abbé Morin se soumit à un travail ardu afin de pouvoir diriger vers le Nord-Ouest quelques-uns des trop nombreux Canadiens français qui s'orientaient alors vers les États-Unis, en quête d'emplois dans les filatures et les usines. Il consacra une partie de l'année à faire des conférences. Il entretint une correspondance volumineuse: articles nombreux dans les journaux de l'époque (la Minerve, le Monde, l'Étendard et le Cultivateur), neuf brochures décrivant les avantages à vivre dans l'Ouest, ainsi que des lettres au clergé du Québec. Ce travail de publicité s'imposait, non seulement pour faire disparaître les préjugés qui existaient à l'endroit de l'Ouest, mais aussi pour soulever l'enthousiasme du peuple et pour vanter le pays à coloniser.

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