Western Oblate Studies 5
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Les soeurs grises et les oblats: 154 ans de collaboration
Les soeurs grises et les oblats: 154 ans de collaboration
Carole Boily
Archives des soeurs grises du Manitoba Winnipeg (Manitoba)
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Cet article a pour but de faire un survol de la collaboration qui a existé entre les soeurs grises de SaintBoniface et les oblats. Dès l'arrivée de ces derniers à la RivièreRouge en 1845, nous voyons déjà les débuts de l'entraide mutuelle entre ces deux communautés religieuses. Parfois, cette entraide s'exprime par de petits gestes, alors qu'à d'autres occasions, elle se fait de façon plus formelle. Il est fréquent de voir les soeurs grises et les oblats travailler ensemble dans leurs activités missionnaires. Souvent, des épreuves viennent également resserrer les liens entre les deux communautés. Dans le cadre de ce cinquième colloque sur l'histoire des oblats, il nous semble opportun de dresser un bilan du travail que les deux communautés ont partagé. Les Archives des soeurs grises fournissent maints exemples qui illustrent de façon concrète l'appui que s'offraient ces deux communautés. C'est aussi une occasion de donner un apercu des ressources archivistiques qui sont disponibles pour des études plus approfondies sur l'histoire des soeurs grises et des oblats dans l'Ouest canadien.
En avril 1844, quatre soeurs grises, les soeurs Valade, Lagrave, Coutlée et Lafrance, quittent leur «grand chez nous» c'est-à-dire leur maison mère, pour faire le long périple en canot jusqu'à Saint-Boniface. Mgr Provencher était à la recherche d'une communauté de religieuses pour venir à la Rivière-Rouge afin d'assurer une bonne éducation aux jeunes filles. Il avait alors convenu avec mère McMullen, leur supérieure générale, que celle-ci enverrait des religieuses à la colonie de la Rivière-Rouge. Mais dès leur arrivée, les soeurs se rendent vite compte que les besoins de la colonie dépassent largement l'éducation des filles. À leurs activités, elles ajoutent donc les soins de santé; de plus, elles participent étroitement à l'effort missionnaire de Provencher.
Il [Mgr Provencher] leur fait part de son grand désir de voir étendre le règne de Jésus-Christ dans la vaste étendue du Nord-Ouest. Il regrette d'avoir trop peu de missionnaires. Il y a, non loin de Saint-Boniface, près de la rivière Sale [sic], un grand nombre d'enfants et de jeunes gens qui grandissent dans l'ignorance des vérités nécessaires au salut, parce qu'il n'y a personne pour les leur enseigner.
Les soeurs reçoivent avec respect cette confidence du zélé pasteur. Soeur Valade se sent pressée d'offrir une de ses soeurs, pour aller faire le catécnisme dans cette localité. Cette inspiration semble venir du ciel. Monseigneur l'accepte bien volontiers, et soeur Lagrave est heureuse de s'entendre proposer pour cette mission [...]
Tous veulent profiter de l'instruction religieuse de la pieuse soeur. On l'écoute, on l'interroge, on l'écoute encore. On ne se lasse point de l'entendre. On a compté jusqu'à quatre-vingts personnes formant son auditoire. Soeur Lagrave sait ajouter un charme à ses leçons, celui qu'apporte le chant des cantiques. Les vieux Canadiens sentent leurs paupières s'humecter en entendant ces refrains qu'ils ont appris à l'école de leur première communion [... ]
Plusieurs de ceux qu'elle a instruits reçoivent la confirmation. Monseigneur Provencher en éprouve une consolation indicible. Il est heureux d'un si beau succès. Il appelle Soeur Lagrave son bon vicaire1 .
Soeur Lagrave est une missionnaire zélée. Elle ne rate aucune occasion pour catéchiser ou même sermonner les personnes avec qui elle vient en contact2 . Ses efforts sont appréciés par Provencher, mais ne suffisent pas à répondre au besoin grandissant d'instruction religieuse dans la colonie et dans le reste de son immense territoire.
Les soeurs grises partagent les inquiétudes de Provencher en ce qui concerne le manque de missionnaires. D'ailleurs, elles l'assistent dans ses démarches pour trouver des missionnaires adin de lui venir en aide.
Depuis longtemps, Monseigneur Provencher constate la difficulté toujours croissante de se procurer des ouvriers évangéliques, qui se vouent au champ de son apostolat. Son regard se porte sur la vaste étendue du territoire, confié à sa juridiction, il voit le grand nombre d'âmes affamées du pain de la Parole divine, et comme Jésus, dans le St. Évangile, il se dit: "Hélas! La moisson est grande et il ya peu d'ouvriers." Mgr convient, que ses pauvres missionnaires épuisés de force, n'ont aucune ressource auprès de lui, pour se rétablir. En face de ce problème, son esprit est dans une grande perplexité. Il se dit qu'une Corporation religieuse lui serait d'un plus grand secours pour ses missions. Mais où pourrait-il s'adresser? [...]
Le Seigneur appelait la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée à évangéliser le Nord-Ouest. En 1844, Monseigneur Provencher rencontra ces religieux, établis dans le diocèse de Montréal, depuis trois ans. Il fut ravi d'entendre dire le bien qu'ils faisaient dans la ville et les campagnes. Ces missionnaires lui conviennent. Il n'a plus qu'un voeu, celui d'en obtenir quelques-uns.
L'heure providentielle allait enfin sonner. Le 24 juin 1845, le révérend P. Pierre Aubert, O.M.I. et le jeune frère Alexandre Taché, sous-diacre, de la meme congrégation, recevaient du très révérend P. Guigues leur supérieur au Canada, la mission d'aller à la recherche des "brebis perdues de la maison d'Israël".
Tout un ordre religieux va répondre au voeu le plus cher du premier évêque de Saint-Boniface. Après une si longue attente, ne peut-il pas espérer la consolante promesse faite au patriarche Abraham? "Ses missionnaires ne deviendront-ils point aussi nombreux que les étoiles du ciel et les grains de sable du rivage de la mer?"
Les deux premiers Oblats s'embarquèrent à Lachine, le jour même où l'Église célébrait la glorieuse nativité de St. Jean-Baptiste, notre fête nationale. Les deux demoiselles [Withman et Cusson] annoncées par la bonne mère McMullen prendront passage avec ces généreux missionnaires3 .
Quelle chance pour les soeurs grises que leurs recrues puissent faire le voyage vers Saint-Boniface avec deux missionnaires; leur présence saura sans doute apaiser les inquiétudes que pourraient avoir les administratrices des soeurs grises. Dès leur départ de Lachine, des liens s'établissent déjà entre les deux communautés religieuses.
L'arrivée de ces deux premiers missionnaires oblats, notée dans les chroniques des soeurs grises, contient même des renseignements biographiques à leur propos.
Parmi leurs nombreuses tâches, les soeurs s'occupent notamment de préparer le trousseau personnel et l'autel portatif des missionnaires avant leurs départs pour les missions éloignées4 . Comme ce travail fait partie de leur vie quotidienne, elles notent les départs des missionnaires, souvent avec des précisions sur leurs destinations. Les retours sont aussi consignés dans les chroniques. Il est donc possible de retracer les allées et venues de nombreux missionnaires.
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