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Western Oblate Studies 2

Procliaming The Gospel to the Indians and the MétisÉmile Legal: De L'architecture Des Missions À L'architecture Monumentale

Gilles Cadrîn
Professeur
Faculté Saint-Jean
University of Alberta

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On a dit de plusieurs évêques qu'ils avaient été de grands bâtisseurs parce que, nommés dans des diocèses jeunes, ils avaient jeté les fondements de nos institutions modernes: paroisses, maisons d'enseignement et centres hospitaliers ou de bien-être. Ces évêques s'étaient révélés des hommes de vision et d'action: ils avaient énergiquement et habilement amassé des fonds considérables et donné l'orientation et l'élan nécessaires pour que de grands projets se réalisent.

Rares cependant sont les évêques qui ont mis physiquement la main au métier de constructeur et plus rares encore sont ceux qui ont été des concepteurs, des architectes, en somme de réels bâtisseurs. Mgr Émile Legal, deuxième évêque du diocèse de Saint-Albert et premier archevêque d'Edmonton, se mérite à juste titre l'appellation d'architecte-bâtisseur. Il s'adonna à la conception et au développement des bâtiments requis dans les missions, il fit les plans de nombreuses églises paroissiales, mais son oeuvre majeure, bien que jamais terminée, reste la conception d'un édificequ'il voulait monumental, la cathédrale de Saint-Albert.

Pour comprendre comment Émile Legal a développé un goût particulier pour le travail du bois et une expertise considérable en architecture, il faut sans trop risquer remonter aux influences familiales. Son père en effet vivait du travail de ses mains: il était artisan-mouleur dans la petite localité de Saint-Jean-de-Boiseau. Mais l'intérêt d'Émile pour l'architecture et sa connaissance de cet art proviennent sans aucun doute de ses années de formation à Nantes et de ses quatre années d'enseignement après son ordination. Ajoutons à ces facteurs que, même si le dix-neuvième siècle en France ne se caractérise pas par des chefs-d'oeuvre d'architecture religieuse, l'étude de l'architecture, la restauration des monuments architecturaux par Viollet-le-Duc ou Abadie, entre autres, et les polémiques qui opposaient les adeptes des styles néo-classiques et néo-gothiques avaient retenu l'attention de toute personne qui valorisait le patrimoine culturel de la France.

Émile Legal dévoila dans son journal les premiers indices de ses connaissances de l'architecture et de ses capacités de l'apprécier lorsqu'il refit avec ses compagnons le tour de la Bretagne en 18771. Il connaissait bien les richesses de cette province et prit plaisir à identifier et à décrire les monuments qui retenaient son attention, principalement les églises. Il nota leur histoire et les particularités de leur style. L'année suivante, ses vacances l'amenèrent à l'exposition universelle de Paris. Cette fois, Legal enregistra dans son journal le circuit d'églises qu'il visita2, mais sans trop les décrire, à l'exception de Notre-Dame et de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre qu'il retournera visiter avec beaucoup d'intérêt vingt ans plus tard lorsqu'il sera à la recherche d'un plan pour sa cathédrale de Saint-Albert.

Devenu missionnaire oblat, c'est à la mission de Bow River (Calgary), en 1881, qu'Émile Legal fut appelé à devenir bâtisseur car, dans les missions de l'époque, de lourdes tâches physiques s'ajoutaient au travail spirituel. Certes les frères convers contribuaient considérablement à la construction des missions mais ils étaient peu nombreux: les pères devaient donc se prêter au travail manuel et Legal semble, peut-être mieux que tout autre, avoir de bon coeur mis la main au mélier. Il passa seize années dans les missions du sud de l'Alberta et, dans son journal, il fit état régulièrement des travaux qu'il accomplissait dans la mission de Calgary et de MacLeod, ou à la mission des Piéganes et des Gens du Sang.

Qu'il s'agisse de plans à dresser ou de travaux à réaliser, Legal semble s'être prêté à ces exercices avec enthousiasme. En août 1885, il parle d'une semaine bien occupée à finir le clocher de l'église de MacLeod avec le père Léonard Van Tighem3. Un mois plus tard, il est de retour avec Mgr Vital-Justin Grandin pour rencontrer Monsieur Beauvais et planifier la construction de l'église de Pincher Creek4. Ensuite, il doit faire les plans du beffroi qui doit s'ajouter à l'église Notre-Dame-de-Ia-Paix pour supporter l'énorme cloche surnommée Alberta-Joséphine, donnée par William Van Home au père Albert Lacombe. Le gros oeuvre terminé, c'est le missionnaire lui-même qui se charge de la finition et de la décoration du clocher. Les entrées dans son journal sont pour cette raison bien brèves pendant les mois de décembre et de janvier:

  • Je puis trouver à peine quelques instants pour travailler à la tour du clocher. (Il décembre 1885)
  • Je travaille presque toute la journée à préparer les tourelles du clocher. (21 décembre 1885)
  • Je travaille à achever les tourelles du clocher. Je finis la dernière. (19 janvier 1886)
  • Posé les ferrures aux tourelles qui doivent être fixées aux quatre angles du clocher. (21 janvier 1886)
  • Placé la première tourelle à l'angle sud-ouest de la tour. (25 janvier 1886)
  • Dans l'après-midi, placé les trois autres tourelles au clocher, l'effet est assez original. (26 janvier 1886)5.

Ce compte rendu n'offre qu'un aperçu bien incomplet du travailphysique de Legal dans les missions. Qu'il s'agisse d'églises à finir, de poulailler ou de bibliothèque à construire et encore de maison à aménager, il y allait du même enit'ain. En 1886, lorsqu'il fut transféré à la mission des Piéganes (Brocket), il se fit construire une maison qu'il se chargea lui-même de finir. «Je retourne seul à McLeod emportant des outils, écrit-il le 20 août; maintenant que les ouvriers ont fini J'e vais à mon tour commencer6». EVidemment le futur évêque de Saint-Albert prenait plaisir à joindre le travail physique au travail spirituel: il n'hésitait pas à se consacrer à des tâches traditionnellement réservées aux frères convers.

Lorsque Legal fut nommé évêque coadjuteur de Saint-Albert, le 29 mars 1897, commença alors une période d'aclivité intense au niveau de l'administration et de la direction du diocèse, rendue d'autant plus lourde que s'ajoutait à la responsabilité de développer les missions celle d'ouvrir des paroisses aux blancs qui se faisaient de plus en plus nombreux depuis l'arrivée du chemin de fer à Calgary en 1883. Comme administrateur du diocèse, il devait obtenir des terres pour l'Église, déterminer l'emplacement des paroisses futures et surveiller de près leurs finances. Le temps venu de construire, comme étaient rares les paroisses qui pouvaient retenir les services d'un architecte, l'évêque se chargeait lui-même de tracer leurs plans d'église. C'est entre autres le cas de l'église d'Edna en 18977, de Macleod en 18998, de Saint-Henry en 19069, et de plusieurs églises rudimentaires du centre et du sud de l'Alberta telles celles de Lacombe, Olds, Ponoka, Red Deer et High River.

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