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Nation Et Religion : L'établissement Des Paroisses «Nationales» D'edmonton

Gilles Cadrin
Faculté Saint-Jean
University of Alberta

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Ce n'est donc pas par l'arrivée massive de Blancs que les premiers Oblats comptent franciser l'Ouest. Avant 1885, ils sont peu nombreux en Alberta et pourtant Mgr Grandin montre beaucoup d'hésitation à faire venir des colons qui risqueraient, par leur conduite scandaleuse, de nuire à l'œuvre apostolique. En 1888, il conseille encore à ses missionnaires d'y aller de prudence lorsqu'il s'agit de promouvoir l'immigration: il sent que les missionnaires ne sont pas en mesure de secourir les Blancs qui tomberaient dans la misère une fois rendus en Alberta. Il met ainsi en garde le père Vital Fourmond contre la tentation d'aller trop vite:

Je comprends la nécessité d'attirer l'émigration canadienne et j'aime que vous fassiez votre possible pour l'attirer. Il y a cependant bien des inconvénients qui m'ont jusqu’à présent empêché de me mettre trop en avant pour cela. C'est que sur le nombre des immigrants, il y en a toujours qui ne réussissent pas, qui tombent dans la misère et croient dès lors avoir droit à être supportés par les missionnaires qui disent-ils les ont fait venir. Monseigneur Taché a eu bien des ennuis de ce genre. Prenez bien vos précautions et insistez pour que ceux qui viendront aient les moyens de s'établir.4

Par contre, lorsque le chemin de fer commencera à déverser en grand nombre des colons de toutes origines, Mgr Grandin usera de toute la force de son influence pour appuyer la colonisation française. Ainsi, à l'automne de 1889, au moment où Joseph Lamoureux se rend aux États-Unis pour encourager ses parents et amis à venir dans l'Ouest, l'évêque envoie une lettre à Sir Hector Langevin, alors ministre des Travaux publics. Il lui expose en termes élogieux le rôle des Lamoureux depuis leur arrivée en Alberta en 1872 et il demande à Langevin d'accueillir Lamoureux et d'appuyer son entreprise de recrutement:

D'après ses succès, je ne doute pas qu'il réussisse. Mais il a besoin d'encouragements et j'ose prier Votre Honneur de ne pas les lui refuser car dans les circonstances actuelles où l'on semble vouloir nous traiter en peuple conquis, je regarde cette mission comme importante.5

Mgr Grandin participe même personnellement à l'effort de colonisation française.

Vous me parlez d'émigration, écrit-il encore au père Fourmond, je m'en occupe sérieusement, je suis à ce sujet en relation avec Monsieur Labelle, le grand colonisateur du Canada. Mais il faudrait des fonds ad hoc.6

L'évêque continue en rappelant au père Fourmond qu'il ne peut pas trop demander à la province de Québec: il revient d'une tournée de quêtes dans cette province que, de plus, Mgr Clut parcourt régulièrement pour mendier.

En 1890, Mgr Grandin réussit à faire nommer l'abbé Jean-Baptiste Morin agent de colonisation. Dès l'année suivante, les résultats sont encourageants. Il écrit pourtant encore à Langevin pour faire nommer un certain Miquelon comme agent d'émigration car, dit-il, «un agent d'émigration parlant facilement les deux langues devient indispensable à Edmonton» et, faisant allusion à l'œuvre de l'abbé Morin et aux promesses d'émigration des Canadiens du Québec et des États-Unis, il conclut: «j'espère qu'avec le temps nous nous multiplierons».7

Évidemment, le clergé avait à cœur l'expansion du français dans l'Ouest. Pourtant, on peut se demander pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour avoir des paroisses «nationales» françaises à Edmonton. Les raisons sont multiples et l'explication se trouve autant chez les francophones eux-mêmes que chez le clergé, inconscient jusqu'à un certain point de la menace d'assimilation qui pesait sur la société canadienne-française de l'époque. Pour mieux comprendre l'action du clergé, voyons d'abord la situation des francophones.

Calgary, AB - St. Mary's Catholic Church, old and new, no date. (OB233 - Oblate Collection at the PAA)A partir de 1890, la population de la région d'Edmonton va connaître une croissance considérable. Le train qui relie Calgary à Edmonton y est pour beaucoup. Les nouveaux arrivants comptent parmi eux des Canadiens français, mais la majorité des colons ne sont pas de langue française. C'est en 1891 seulement que l'abbé Morin commence à conduire ses contingents de colons dans la région.

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