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Nation Et Religion : L'établissement Des Paroisses «Nationales» D'edmonton

Gilles Cadrin
Faculté Saint-Jean
University of Alberta

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Ce que présentait le père Lemarchand était en réalité un constat d'échec au niveau culturel, et même religieux, des paroisses bilingues ou multilingues. Ce constat était renforcé par les statistiques qui montraient que le pourcentage de la population française était en baisse malgré sa croissance numérique continue. C'est pourquoi le clergé était de plus en plus disposé, au début du siècle, à prêter l'oreille aux militants canadiens-français qui réclamaient des paroisses françaises à Edmonton. Mgr Legal était convaincu que pour l'épanouissement d'un groupe, il lui fallait des prêtres parlant sa langue. De là à reconnaître que ces groupes devaient être réunis dans des paroisses homogènes, il n'y avait qu'un pas. Ainsi, en 1908, dans une lettre au père Gustave Simonin, il s'exprimait clairement contre le mélange des groupes linguistiques. Faisant allusion aux colons que devait envoyer l'abbé J.-A. Ouellette à Elk Water, dans la région de Fort Walsh, il affirmait: «Je suis d'avis moi aussi que c'est mieux de réserver la colonie à la classe des Canadiens-français, aux catholiques de langue française», et faisant allusion aux difficultés de l'abbé Van Aken avec les Hollandais de Strathmore, il ajoutait: «c'est pour cela qu'il voudrait se tenir à distance. Ce n'est pas l'idée de mêler les différentes nationalités»20 .

Il n'est donc pas étonnant que Mgr Legal ne mît pas le moindre obstacle au désir des Canadiens français de l'Immaculée-Conception qui voulaient s'unir à ceux de Saint-Joachim et qui firent circuler une pétition à l'automne de 1911 en faveur d'une paroisse centrale, qui aurait été située près du quartier des affaires, à égale distance des deux églises de l'époque.

Cependant, les paroissiens de Saint-Joachim n'étaient pas prêts à se départir de l'église qu'ils venaient à peine de terminer et qui faisait leur fierté. Le conseil des syndics convoqua donc une assemblée et se prononça contre une paroisse centrale. Mgr Legal approuva cette résolution, mais suggéra que si les catholiques de langue française des deux paroisses désiraient leur église, ils pourraient y pourvoir indépendamment de l'une ou de l'autre paroisse21 . Sans hésiter, Mgr Legal ouvrait alors aux francophones la possibilité de créer leurs paroisses homogènes.

Les demandes ne tardèrent pas. Le 7 mars 1912, les paroissiens de langue française de l'Immaculée-Conception faisaient parvenir à l'évêque leur pétition demandant la fondation d'une autre paroisse sur le même territoire. Le lendemain, Mgr Legal déclarait que la nouvelle paroisse était érigée et qu'il plaçait à sa tête l'abbé J.-A. Ouellette22 . Dans la paroisse Saint-Antoine, où 40 % des paroissiens étaient de langue française, on réclama aussi la séparation en 1912. Le père Lemarchand jugea cependant qu'il était prématuré de la faire et il exprima cette opinion à son évêque. Ce dernier lui répondit positivement: «Dès que la population française sera assez nombreuse pour supporter un prêtre et pourvoir à son établissement religieux, pour moi je ne mettrai aucun obstacle»23 . En dépit de cette réponse encourageante, la population francophone de Saint-Antoine ne se donna jamais une paroisse française. Saint-Joachim fut la deuxième paroisse à demander une division en novembre 1913. La réponse affirmative vint sans la moindre hésitation24 car, depuis plusieurs années déjà, Mgr Legal était convaincu que, pour l'épanouissement du catholicisme et de la langue française, les francophones avaient besoin d'institutions nationales qui les regrouperaient pour la préservation de leur identité.

Dans le développement de l'Église en Alberta et particulièrement à Edmonton, on voit que les missionnaires desservant la population autochtone et métisse se sont mis progressivement au service des pionniers blancs en prêtant l'oreille à leurs besoins et en s'efforçant d'épouser leurs causes.

D'abord, sans distinction de langue et même de culte, plus tard, en prenant conscience de l'importance de satisfaire aux exigences linguistiques et culturelles des divers groupes ethniques dominants. Mais, combler les besoins des francophones, au départ majoritaires chez les catholiques et bien encadrés par un clergé francophone, semblait un luxe qu'Edmonton ne pouvait pas s'offrir. Il fallait donc que les francophones se voient menacés par les lois scolaires de 1901, le refus du gouvernement de reconnaître le français comme langue officielle en 1905 et l'arrivée massive d'immigrants pour qu'ils entreprennent de s'affirmer auprès de l'Église. Il fallait aussi que le clergé comprenne enfin la vulnérabilité des francophones pour que la paroisse française soit perçue comme le bastion dont ils avaient besoin pour assurer la survivance de leur langue et de leur culture françaises.

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