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Musée virtuel du Canada La mise en place du Traité 8 dans le Nord-Ouest du Canada
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Le contexte

Missionnaires

   
Maison des prêtres, GrouardLes traditions orales, l'évidence archéologique et des anciens documents nous montrent que la spiritualité joue un rôle vital dans la culture des Premières nations de l'Ouest canadien lors du temps de contact. Il n'est pas possible de résumer brièvement la complexité et la variété de ces croyances, mais les observations tels que "la religion n'a pas encore fait jour chez les Indiens du Nord" que l'on retrouve dans les journaux publiés de Samuel Hearne, sont évidemment erronées. Les observateurs européens, cependant, ne comprenaient que rarement la vraie signification des contes, des rituels, des symboles et des observances dont ils témoignaient.

En conséquence, les commerçants de fourrures ont tendance à percevoir les croyances spirituelles comme des superstitions et à nier l'importance des chefs spirituels autochtones. La plupart des commerçants de fourrures, et les compagnies qu'ils servent, ne s'intéressent pas aux croyances de leurs partenaires en commerce, et peu d'entre-eux font des efforts pour disséminer le christianisme à qui que se soit. Quelques officiers en charge des postes ont tenu des services religieux de temps à autre, et la Compagnie de la Baie d'Hudson a envoyé des sermonnaires et des livres de prières à quelques-uns des postes les plus importants. Mais la plupart du temps, les traiteurs de fourrures ne s'intéressent pas beaucoup à l'évangélisation, et cela jusqu'au début du 19e siècle.

On sait que les expéditions de la famille La Vérendrye avaient des aumôniers avec eux à leurs postes de l'Ouest dès les années 1730, mais la documentation à leur sujet ne suggère pas que ces prêtres catholiques ont vraiment oeuvré avec les Premières nations. Avec la prise de Québec par les Anglais en 1759-1760, les vieux postes de traite du Nord-Ouest on été abandonnés, et pendant plus de cinquante ans, aucun missionnaire chrétien n'est venu à l'Ouest des Grands Lacs. 

robert rundleL'établissement de la colonie de la Rivière Rouge en 1812 laisse à penser que les colons et les Autochtones avaient également besoin d'instruction religieuse. En 1818, deux prêtres catholiques, l'abbé Norbert Provencher et l'abbé Nicolas Dumoulin sont envoyés à la Rivière Rouge, et en 1820 un ministre anglican, John West, les rejoint. Beaucoup de ces premiers efforts missionnaires sont dirigés vers les colons et les employés de la CBH et leurs familles, et ceci reste une partie importante de l'activité missionnaire de l'Ouest canadien durant le 19e siècle. West et Provencher s'intéressent aussi à l'évangélisation des groupes indigènes, activité qui vient à dominer le travail des missionnaires dans ces régions.

Tout comme le commerce des fourrures cinquante ans auparavant, l'activité missionnaire se répand vers le Nord et vers l'Ouest, et d'autres églises chrétiennes, surtout les Méthodistes (ou les Wesleyens) se joignent aux premiers missionnaires. En 1840, Robert Rundle de l'Église méthodiste fonde une mission au fort Edmonton qui doit lui servir de pied à terre pour son ministère itinérant. Quoique installé à Edmonton, Rundle voyage de long en large dans ce qui deviendra l'Alberta. Durant ses voyages, il aide à établir une nouvelle mission au lac des Mauves (Pigeon Lake) en 1848. Plus tard des missions méthodistes sont établies au lac du Poisson Blanc (Whitefish Lake), à la colonie de Victoria (Victoria Settlement) et à d'autres endroits durant les années entre 1850 et 1860. En 1873, l'éminente famille McDougall développe les efforts des missionnaires méthodistes vers le sud, où ils établissent la mission de Morley chez les Stoneys. 

En 1842, pas longtemps après l'arrivée de Rundle, l'abbé Jean-Baptiste Thibeault fonde aussi une mission au fort Edmonton. Il est encouragé par John Rowand, qui est l'officier en charge du fort et qui est lui-même catholique, et qui cherchait un prêtre catholique pour les Métis et les autres résidents catholiques du fort. Le père Thibeault fonde la première véritable mission en ce qui est aujourd'hui l'Alberta. Plus tard il fonde une autre mission au lac Sainte-Anne, ce qui mène à l'établissement de la mission de Saint-Albert en 1861 par le père Albert Lacombe. L'Église catholique fonde aussi des missions importantes dans le Grand Nord, incluant le fort Chipewyan en 1847, le lac la Biche en 1853 et Dunvegan en 1867. Les prêtres catholiques entreprennent aussi des missions avec les Premières nations et les Métis dans le sud et le centre de l'Alberta. Par exemple, des prêtres voyagent avec les chasseurs de bisons métis et dirigent des services dans leurs camps hivernaux comme le lac des Vaches (Buffalo Lake) durant les années 1870. Des missions plus stables sont établies chez les Premières nations surtout après la signature du traité 7 en 1877 et la création des réserves.

Les Anglicans sont un peu moins actifs en Alberta que les méthodistes ou les catholiques, et ils se consacrent à d'autres régions jusqu'en 1870. Par exemple, le premier missionnaire anglican à Edmonton n'arrive pas avant 1875. Pour Newton, Edmonton est son pied-à-terre pour son ministère qui s'étend de la rivière du Cerf rouge (Red Deer) jusqu'au lac la Selle, et qui inclut beaucoup des premières colonies dans la région d'Edmonton. Les Anglicans établissent aussi plusieurs missions dans le sud de l'Alberta, chez les membres de la confédération des Pieds-Noirs, et dans le Nord de l'Alberta, à plusieurs points sur la rivière de la Paix, comme Dunvegan, la colonie de Shaftsbury et fort Vermilion. Les Anglicans ont aussi une mission au fort Chipewyan. 

Beaucoup des emplacements des missions au travers l'Alberta ont été désignés comme des lieux historiques provinciaux et nationaux, ce qui démontre l'intérêt qui persiste toujours concernant cet aspect de notre histoire. Par contre, tous ne voient pas dans l'activité missionnaire, surtout leur travail auprès des Premières nations, une activité complètement bénévole. Nombres de Premières nations tâchent de prendre en main et revitaliser leur propres cultures ainsi que leurs croyances traditionnelles. Les gestes des Églises chrétiennes, surtout l'établissement des écoles résidentielles durant le 19e et le 20e siècle, sont perçus comme ayant eu un grand rôle dans l'érosion des cultures traditionnelles. Mais en ce qui concerne l'histoire de l'activité missionnaire dans l'Ouest canadien, presque tous sont d'accord sur le fait qu'il s'agit d'un sujet complexe et souvent très personnel.