Les habitants de ce qui devient la région du traité no
8 mènent une vie passablement simple et s'intéressent moins à un
traité que leurs voisins. La région comprend presque tout le Nord de
l'Alberta, le Nord-Ouest de la Saskatchewan, le Nord-Est de la Colombie
britannique et une partie des Territoires-du-Nord-Ouest. On y retrouve
deux grandes familles linguistiques, les langues algonkiennes (crie) et
athapascanes (na-déné). Chaque bande a son propre territoire et un mode
de vie basé sur les conditions régionales. Les Cris ont tendance à
chasser et à piéger dans une région jusqu'au point qu'ils ont décimé
le gibier et, ensuite, de se déplacer, tandis que les Dénés sont plus sédentaires,
et généralement se fixent à un seul endroit. En
arrivant dans cette région en 1899, les commissionnaires du traité
s'attendent de trouver un peuple primitif vivant en autarcie. Ils ont dû
être passablement surpris de constater que les peuples des premières
nations s'habillent à la mode européenne et ont adoptés quelques
traditions européennes.
Typiquement dans cette région, le peuple n'est pas
représenté par un personnage central ou un chef. Tout commandement se
fait à l'intérieur des bandes et n'est pas décidé par l'héritage.
De plus, à cause de la nature éparpillée des bandes, le temps nécessaire
pour obtenir l'adhésion au Traité no 8 se prolonge considérablement.
Durant les années 1880, les missionnaires catholiques
et anglicans protestent contre les politiques de non assistance du
gouvernement fédéral et ils réussissent à gagner l'appui du grand
public. On commence à connaître la situation lamentable des peuples des
premières nations, et l'aide du gouvernement, en forme de dons
financiers, se fait sentir. Les peuples des premières nations de la région
du traité no 8, par contre, sont satisfaits de leur autonomie.
La décennie de 1890 est la période où les richesses
des ressources naturelles de cette région du Nord commencent à devenir
évidents. Tandis que le pays de la Rivière-la-Paix recèle de réserves
pétrolières, la ruée vers l'or du Klondike attire l'attention sur
les ressources minérales du territoire du Yukon. Si les premières
nations semblent assurées de leur avenir, les effets croissants de la ruée
vers l'or et l'affluence de mineurs, combiné avec les ressources minérales
et le grand potentiel en agriculture du nord de l'Alberta fait qu'un
traité devient de plus en plus désirable pour le gouvernement. Des
pourparlers sont initiés pour délimiter les régions pétrolières, pour
construire des chemins de fer et des oléoducs dans la région du traité
no8. Par le traité le gouvernement pouvait arrêter toute réclamation
des autochtones à la terre, tout en imposant leurs propres lois et code
civil sur les peuples des premières nations, en se réservant les
meilleurs terres et tout ce qu'elle produisent. [suivre]
Tiré de Vision
Quest: "Oti nekan", Treaty 8 Centennial Commemorative Magazine
avec la permission de Tanner Young Marketing Ltd., Traduction de Juliette
Champagne. |