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L’année 1966-1967

L’année 1966-1967 marque l’année du centenaire de la Confédération canadienne et c’est aussi l’année de l’Expo ‘67 à Montréal. Le pays est donc aux réjouissances. La communauté franco-albertaine va suivre dans la même foulée puisque quatre jeunes francophones de l’Alberta ont été choisis pour servir d’hôtes et d’hôtesses au Pavillon canadien de l’Expo.

En 1966-1967, le président général de l’ACFA est le Dr Joseph Moreau et il est appuyé dans ses fonctions par les deux vice-présidents Roger Motut Ph.D. et Gérard Diamond. Le trésorier-général est M. Guy Poirier, le secrétaire-général est le père Jean Patoine et M. Eugène Trottier est le propagandiste. En plus des membres de l’exécutif – Mme Pierre Gariépy, Mme Charles Lefebvre, Jacques Boucher, Jean-Louis Lebel, Paul Morin et Georges Nobert - l’ACFA se compose d’un conseil général qui regroupe les représentants élus des régions suivantes : de la ville d’Edmonton, de la région de Morinville-Legal, de Bonnyville, de Saint-Paul, de Rivière-la-Paix, de Calgary et les membres qui représentent les divers organismes de la communauté – l’AEBA, Radio-Edmonton limité, le Conseil albertain de la coopération, Carda de la Rivière-la-Paix, Carda de Saint-Paul, le Collège Saint-Jean, le Collège Notre-Dame de la paix, le Petit Séminaire de Saint-Paul, l’Académie Assomption,  La Survivance, le Conseil de la Vie-française, et les Visiteurs d’écoles.

En 1966, le Conseil albertain de la Coopération s’ajoute à la liste d’organismes franco-albertains à l’oeuvre dans la communauté. Onze caisses populaires, deux coopératives d’aménagement et cinq coopératives de consommation ont participé à la fondation du nouveau conseil présidé par M. Fernando Girard. 

Lors du congrès annuel de l’ACFA tenu à Falher les 11 et 12 novembre 1966, Louis Desrochers, un des anciens présidents de l’ACFA passe en revue le travail qui reste à faire. Il dresse un tableau plutôt sombre en ce qui a trait à la communauté franco-albertaine. 

Nous souffrons encore d’apathie… Je n’oserais pas demander ce soir combien ici sont membres de l’ACFA. Je n’oserais pas demander pareille question ailleurs dans la province. Après tout, nous sommes au-delà de 80,000 Albertains d’origine française et combien de membres y a-t-il dans l’ACFA? (Almanach 1967, pp.4-5)

En somme, les commentaires de Me Desrochers sont peut-être moins une critique de la situation actuelle qu’une manoeuvre utilisée pour convaincre les francophones d’élargir les cadres de l’Association.

Plusieurs de nos compatriotes qui perdent le français nous sont encore très sympathiques, plusieurs de nos compatriotes anglophones se rapprochent de nos vues et ces deux groupes pourraient nous aider énormément…Plusieurs nouveaux Canadiens, et je ne parle pas seulement des Français et des Belges, - pourraient aussi prêter main-forte, mais nous avons été refermés sur nous-mêmes…(Almanach 1967, pp 4-5)

Malgré ce constat, la critique demeure et elle nous permet de découvrir quels sont les problèmes de l’époque. Dans un deuxième temps, l’ancien président reproche aux membres présents le peu d’importance que l’on accorde aux régions et le peu d’importance que les régions donnent au fait français :

….pouvons-nous dire, en toute franchise, que notre fait français se fait sentir au maximum dans la région de la Rivière- la-Paix, dans la région de Saint-Paul…. Avons-nous monté dans nos régions, des spectacles qui témoignent suffisamment de notre présence… Je constate que nous réclamons le bilinguisme officiel et nous ne le pratiquons pas nous-mêmes. (Almanach, 1967, p. 7)

Dans le domaine de l’éducation, les dirigeants de l’ACFA se demandent si les acquis font le poids face aux pertes. Trop peu d’élèves choisissent d’étudier à l’École de pédagogie de Saint-Jean. Trop d’enseignants francophones enseignent dans des écoles anglaises alors que la communauté souffre d’une pénurie d’enseignants.

Pourtant avec l’affiliation du cours des arts du Collège Saint-Jean à la U of A, l’École de pédagogie étant déjà affiliée, le Collège devient un Junior College bilingue, le seul du genre en Alberta. Cette affiliation met fin à celle du Collège avec l’université d’Ottawa, affiliation qui existe depuis les toutes premières années d’existence de Saint-Jean.

Et toujours dans le domaine de l’éducation, l’ACFA informe ses membres que l’association a rencontré le ministre de l’Éducation à plusieurs occasions pour lui expliquer les besoins des francophones en ce qui a trait à l’Acte scolaire. On ose espérer que les changements prévus permettront l’usage du français comme langue d’enseignement. Lors d’une rencontre en date du 13 octobre 1967, Rierson, le ministre de l’éducation, affirme aux représentants de la communauté qu’il a l’intention de présenter au Cabinet un projet de résolution. Celui-ci prévoit que la 1e et la 2e année soient complètement en français, que la 3e année soit en français moins une heure d’anglais par jour et que de la 4e à la 12e année il y ait un maximum de trois heures de français par jour. L’amendement sera adopté en avril. Il n’y a donc pas lieu de broyer du noir en ce qui a trait à l’éducation

Il est vrai que les actionnaires de la librairie Schola ont décidé de fermer les portes de la libraire en septembre 1967, que le dossier de la télévision n’avance pas vite et que le journal La Survivance vivote. Mais on espère que le changement de nom et de format du journal va lui donner un coup de pouce. Dorénavant connu sous le titre Le Franco-albertain, le journal est maintenant publié format tabloïd à 16 page. La première édition du Franco-albertain est publiée le 15 novembre 1967.

Et si, sur le plan des relations externes, les États-généraux de la province du Québec, débutés en novembre 1966, semblent vouloir restreindre le Canada français au seul territoire de cette province, les résultats de la Commission royale d’Enquête promettent une toute nouvelle ouverture sur le bilinguisme.

Mais de tous les acquis qui ont été réalisés, il y en a un qui figure de façon importante à titre de signe porteur d’avenir. Les jeunes sont de plus en plus présents et actifs dans la communauté franco-albertaine. Le congrès annuel de l’ACFA tenu à Falher les 11 et 12 novembre 1966 avait pour thème la jeunesse franco-albertaine et les jeunes y ont participé en grands nombres. Plus de 140 jeunes étaient au rendez-vous.

Le Comité des jeunes du Cercle Edmonton de l’ACFA est établi le 25 octobre 1965 sous la présidence de Gabriel Audy. C’est à ce groupe que nous devons l’organisation de la première Cabane à sucre des enfants et la première boîte à chanson qui aura lieu au sous-sol de l’église Saint-Joachim en 1968. Suite au congrès de Falher, le groupe est mandaté de préparer l’organisation d’un regroupement provincial. Les Comité des jeunes est aussi invité de devenir membre du Conseil général de l’ACFA provinciale et de participer aux réunions de l’Exécutif provincial. À la fin octobre 1967, une quarantaine de jeunes du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie Britannique se réunissent à l’École des beaux-arts de l’Université de Calgary à Banff pour un congrès de deux jours. Le congrès est rendu possible grâce à des octrois consentis par la commission du Centenaire, le ministère de la Citoyenneté et le ministère de la Jeunesse de l’Alberta. La rencontre a été organisée par le Comité des jeunes du cercle Edmonton de l’ACFA.

En 1966-1967, les jeunes, avec l’appui de quelques individus “moins jeunes”, font beaucoup avancer les dossiers de la musique et du théâtre. On rapporte que l’organisation des chorales “À coeur joie” vient remplacer l’ancienne formule des festivals de la chanson française. Or, nous savons que cela va donner d’excellents résultats par la suite. Deux groupes très spéciaux sont créés à l’époque : Les Copines, un groupe qui réunit les voix de sept jeunes filles de la ville et les Mikis, un groupe instrumental, qui soulève l’enthousiasme des jeunes. Le groupe des Mikis a été organisé par André Roy l’animateur très populaire de l’émission «Salut les Copains» de CHFA.

Et du côté théâtre, deux nouvelles troupes voient le jour pendant cette période. Il s’agit de la troupe du Rideau rouge composé d’étudiants universitaires de Saint-Jean et créé par France Levasseur ainsi que le Théâtre français d’Edmonton sous la direction de Jean Fortier. Le premier succès du TFE est la pièce de Félix Leclerc intitulée «L’auberge des morts subites». Tout près de 2 000 spectateurs auront l’occasion d’assister aux nombreuses représentions de cette pièce qui ont lieu partout en province.

En somme 1966-1967 est une année bien remplie et il n’est pas certain que les pertes aient excédé les succès. L’apport des jeunes, à lui seul, semble plutôt indiquer que les racines de la francophonie albertaine vont fleurir.  


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