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Émile Legal Et La Place Du Français En Alberta

Gilles Cadrin
Faculté Saint-Jean
University of Alberta

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Mgr Legal ne resta donc pas un observateur distant dans l'effort de colonisation. En septembre 1901, il se rendit lui-même au Québec quêter pour les œuvres de son diocèse tout en cherchant à promouvoir la colonisation13 . A la suite de la parution d'un article contre les missionnaires oblats intitulé, « Gardez votre argent », publié dans Les Débats14 et repris dans La Vérité15, il profita de son passage à Québec pour expliquer personnellement à Tardivel la situation du Nord-Ouest. Cette rencontre réussit-elle à réduire l'antagonisme de Tardivel ou est-ce l'essor de l'industrie québécoise au début du siècle qui réduisit l'attention négative qu'accordaient les journaux à la colonisation? Toujours est-il que Tardivel emboîta le pas et mit fin à ses sorties contre la colonisation de l'Ouest.

Si Mgr Legal avait compris l'importance de la diplomatie pour faire taire les adversaires de la colonisation, inspiré par l'action de J.-B. Morin, il avait reconnu que l'œuvre de la colonisation ne pouvait réussir sans la participation d'agents et de missionnaires assignés à sa promotion.

L'abbé Morin était passé par les paroisses françaises du Québec et de la Nouvelle-Angleterre, avait décrit les possibilités de l'Alberta, avait conseillé les futurs colons, avait accompagné les « détachements » de l'Est et il avait réussi à établir plus de 500 familles sur les meilleures terres de la région d'Edmonton. Pourtant, après que l'abbé Morin eut pris sa retraite en 1897, il fallut attendre plusieurs années avant que Mgr Legal lui trouvât un remplaçant.

Incapacité d'obtenir la personne apte à la tâche ou négligence de l'évêque? Certains ont cru à la dernière explication et ont accusé Mgr Legal de ne pas avoir fait assez pour la colonisation. Il faut mentionner Donatien Frémont16 et Robert Painchaud. Ce dernier affirme que le diocèse deSaint-Albert n'avait qu'une faible organisation de rapatriement des Franco-Américains et laisse même entendre que Mgr Legal ne fit des démarches pour remplacer J.-B. Morin que cinq ans après le départ de ce dernier17 . La réalité c'est que l'évêque de Saint-Albert insista pour que l'agent de colonisation fût un prêtre et se heurta pour cette raison à la résistance d’I. Smart, du département de l'Intérieur18 .

Il faut en outre mentionner que le diocèse, constamment à court d'argent et dans l'impossibilité de répondre aux besoins croissants de l'immigration catholique, était tout à fait incapable de se payer un agent de colonisation. Pour leur part, les laïcs du diocèse attendraient jusqu'en décembre 1905 pour fonder la Société de colonisation d'Alberta19 . Mgr Legal se butait donc quasiment seul au fanatisme d'Ottawa qui entrevoyait l'Ouest canadien comme un territoire anglais et protestant. C'est pourquoi, en octobre 1902, après plusieurs tentatives en vue d'obtenir un agent, il lança au père Albert Lacombe, qui se trouvait à Montréal, cet appel qui traduit sa déception et son impatience:

N'allez-vous pas tenter encore un nouvel effort, avant de revenir pour nous procurer un prêtre agent d'émigration? Les colons arrivent assurément, mais ce sont surtout des Américains et des protestants, bien peu de Canadiens-Français20 .

Convaincu que la survie de la religion passerait par la force de la présence française dans l'Ouest et que le fanatisme de Smart se posait comme l'obstacle majeur à cette fin21 , Mgr Legal décida sans plus tarder de s'adresser directement au premier ministre du Canada, Wilfrid Laurier, le pressant d'user de son influence pour faire nommer le père L. Laganière au poste d'agent d'immigration pour le diocèse de Saint-Albert22 . Ce qui fut fait au début de 1903.

Après avoir brisé la résistance d'Ottawa, Mgr Legal se montra prudent: il demanda à ses missionnaires-colonisateurs d'afficher officiellement leur neutralité, rappelant encore en 1905 à l'abbé O. Corbeil, futur remplaçant de l'abbé Laganière, qu’ «il serait préférable de ne faire aucune distinction entre races, religions et nationalités»23 . II était bien entendu qu'il devait toutefois consacrer ses efforts à faire venir des Canadiens français dans l'Ouest.

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