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Nation Et Religion : L'établissement Des Paroisses «Nationales» D'edmonton

Gilles Cadrin
Faculté Saint-Jean
University of Alberta

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Le groupe francophone voit aussi son importance numérique décroître à cause du départ des Métis francophones pour des régions telles St. Paul des Métis - Convent and school, [1901-1905]. (OB2096 - Oblate Collection at the PAA)Saint-Paul et le Petit lac des Esclaves.C'est pourquoi, comme le montre E.J. Hart, les francophones réagissent.8 En 1891, ils envoient un premier représentant francophone au conseil des Territoires du Nord-Ouest. Antonio Prince, jeune avocat, entre dans la lutte pour les droits du français contre Frederick Haultain qui, en 1892, propose que les travaux de l'Assemblée soient consignés et publiés en anglais seulement. En 1894, le 8 avril, Edmonton fonde sa propre Société Saint-Jean-Baptiste pour fouetter le nationalisme canadien-français. Comme autre moyen de s'affirmer, les Canadiens français lancent le 3 avril 1898 un hebdomadaire de langue française, l'Ouest canadien. Au niveau des écoles, ils avaient déjà fait sentir leur présence en 1888 mais, depuis quelques années, ils n'étaient plus représentés. En 1899, ils élisent J.-H. Picard et J.-H. Gariépy à la Commission scolaire d'Edmonton. Sur la scène municipale, J.-H. Picard représente les francophones, de 1899 à 1906, à l'exception d'un terme où il n'est pas réélu.9 Les francophones, grâce à leurs institutions et à leurs représentants, ont ainsi conscience d'avoir un mot à dire dans la destinée de leurs affaires sociales.

Mais qu'en est-il de leur situation au niveau de l'Église à la fin du 19ème siècle? Elle est ambivalente et ils le savent. Car, il faut le dire, au début de la colonisation, ce ne sont pas les Canadiens français qui ont fondé la paroisse; ils sont plutôt venus se greffer à une structure déjà existante, à une Église de mission au service des Indiens avant tout. Petit à petit, ils se sont joints à la mission au point de devenir majoritaires, mais ils étaient entrés accompagnés, entre autres, d'anglophones, de Galiciens, d’Allemands et de Polonais. Pouvaient-ils alors, en vertu de leur histoire ou de leur majorité, s'affirmer et réclamer des paroisses «nationales»?

Dans l'état actuel des recherches, il est impossible de dire si les Canadiens français ont réclamé formellement des paroisses françaises: il ne semble pas y avoir de document officiel auprès des évêques de St. Albert - Basement of the third church, no date. (OB1781 - Oblate Collection at the PAA)Saint-Albert, datant de la fin du siècle et indiquant une volonté collective d'avoir des paroisses nationales. Par contre, dans les années 1890, les paroissiens de Saint-Joachim se rendent compte que la troisième église, construite en 1886, est trop petite. Ils profitent de ce fait pour réclamer leur propre église. Ils le font sans bruit ni pétition: tout ce que l'on trouve comme indice de cette volonté collective, c'est un commentaire dans le Codex Historicus de Saint-Joachim, inscrit en 1895 par le père Alphonse Lemarchand. Il note: «Nos Canadiens réclament toujours leur église en ville, et je n'ai guère d'espoir. Cependant je le désire beaucoup»10 .

Malgré cela, les Canadiens français de Saint-Joachim n'auront pas leur paroisse de sitôt. Il faudra attendre jusqu'en 1913 avant qu'un groupe de francophones réclame officiellement une paroisse française. Pourtant, d'après la note du père Lemarchand, il est évident que les Canadiens français ont abordé la question de la séparation à plusieurs reprises et qu'ils sont conscients de leurs besoins particuliers, d'abord linguistiques et culturels et, aussi, du besoin d'avoir une paroisse située plus au centre de la population française, c'est-à-dire «en ville». De plus, d'autres commentaires du père Lemarchand révèlent que le mélange ethnique suscite du mécontentement chez les paroissiens: les deux groupes dominants, les anglophones et les francophones, entrent en concurrence pour détenir le contrôle de la paroisse. Il s'en dégage une certaine animosité chez les Canadiens français qui trouvent que les comités paroissiaux sont trop souvent dirigés par une majorité anglophone. Ainsi, le père Lemarchand note au sujet des bazars: «Le bazar a été un succès. L'élément canadien trouve que l'élément irlandais domine trop. Une canadienne voudrait être présidente pour l'année prochaine»11 . Enfin, une certaine gêne règne à cause de la multiplicité des langues qui ont cours à Saint-Joachim car le polonais, l'allemand et le cris ont aussi leur place dans les sermons et les chants. Là-dessus, il note: «les Anglais et les Canadiens voudraient entendre davantage leur langue»12 . La paroisse bilingue ou multilingue n'est donc pas perçue comme la situation idéale, mais le clergé a-t-il cherché une solution?

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